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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

der le vase de son corps saintement et honnêtement, ne suivant pas les mouvements de la concupiscence, comme font les Gentils, qui ne connaissent point le Seigneur ; et que surtout en cela personne ne passe les bornes, ni ne fasse tort à son frère, parce que le Seigneur est le vengeur de tous ces péchés, comme nous l’avons déjà prédit et témoigné. Car Dieu ne vous a point appelés pour être impurs, mais pour être saints. Celui donc qui méprise ce que je viens de dire, méprise non pas un homme, mais Dieu même qui nous a donné son Saint-Esprit. »

C’est donc pour notre sanctification que Dieu n’a pas empêché notre Seigneur de souffrir ; mais si quelque disciple de Basilide allègue pour sa justification que le martyr subit la peine de péchés commis avant le passage de l’âme dans le corps ; qu’il recueillera plus tard les fruits de sa moralité ici-bas, et qu’ainsi va le gouvernement de l’univers, nous demanderons au sectaire si la rémunération alors sera dispensée d’après les vues de la Providence. Si elle n’émane pas de la loi divine, le monde n’est plus une carrière de purifications, et tout l’échafaudage des Basilidiens croule sous leurs pieds. Soutiennent-ils, au contraire, que les purifications émanent de la Providence ? dès lors les châtiments en émanent aussi. Or, la Providence de Basilide, bien qu’elle reçoive de l’Archon suprême son premier mouvement, a été mêlée aux substances par le Dieu de l’univers, au moment même de leur création. Dans ce système, les Basilidiens sont réduits à confesser, ou que la punition n’est pas injuste, et alors les juges qui condamnent, les bourreaux qui torturent les martyrs, ont la justice de leur côté ; ou bien que les persécutions découlent directement de la volonté divine. La peine et la crainte, au lieu d’être comme ils le prétendent, un accident essentiel aux choses, ainsi que la rouille s’attache au fer, ne surviennent donc à l’âme que par suite de la volonté qui lui est propre.

Il nous resterait à développer plus longuement cette matière. Nous renvoyons les détails à un moment plus favorable.