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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

une autre période. Avec un peu de sagesse, nous devons de la reconnaissance à ceux qui nous fournissent l’occasion d’un prompt départ, pourvu que ce soit l’amour de Dieu qui soutienne notre martyre. Si telles n’étaient pas nos dispositions, la multitude ne verrait en nous que des scélérats. Que si elle connaissait elle-même la vérité, tous les hommes se jetteraient dans les voies du Christianisme, et dès lors il n’y aurait plus d’élection. Mais non ; notre foi « étant la lumière du monde, » atteste l’incrédulité de la foule. « En effet, ni Anytus, ni Mélitus ne me feront aucun mal ; ils ne le peuvent, « car je ne crois pas qu’il soit au pouvoir du méchant de nuire à l’homme de bien[1]. » C’est pourquoi chacun de nous peut s’écrier avec confiance : « Le Seigneur est avec moi ; je ne craindrai pas. Que peut l’homme contre moi ? Les âmes des justes sont dans la main de Dieu, et le supplice ne les atteint pas. »

CHAPITRE XII.
Réfutation de Basilide qui regarde le martyre comme une sorte de supplice mérité par les prévarications précédentes.

Basilide, dans le vingt-troisième chapitre de ses Exégétiques, avance la proposition suivante, à l’occasion de ceux qui subissent le martyre. « Je le déclare, tous ceux qui sont en butte à ce que je nomme les afflictions, sans doute pour avoir failli à leur insu dans d’autres épreuves, sont amenés à ce bien par une bonté providentielle. Elle permet qu’ils soient traduits devant les tribunaux, pour des motifs tout différents, afin qu’ils ne soient pas, comme des condamnés ordinaires, livrés au supplice pour des délits incontestables, ni chargés d’opprobres, comme l’adultère ou le meurtrier. On ne les accuse que d’être Chrétiens, ce qui les console de leurs douleurs, ou pour mieux dire, en détruit même jusqu’à l’apparence. Si quelque fidèle est livré aux tourments, sans avoir commis aucune

  1. Platon, Apologie de Socrate.