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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

Héraclion, le disciple le plus renommé de Valentin, voulant expliquer ce passage, dit que l’on confesse le Seigneur de deux manières ; l’une par la foi et les actes, l’autre par la parole. Le témoignage que l’on rend au Seigneur par la parole, est surtout celui que l’on rend devant les puissances de la terre. « Plusieurs, poursuit-il, pensent que c’est là l’unique témoignage. Ils se trompent grossièrement. Les hypocrites aussi peuvent confesser le Seigneur de cette manière ; mais nulle part on ne trouvera la preuve que ce texte comporte un sens si rigoureux. Les élus n’ont pas tous confessé le Seigneur par la parole et ne sont pas tous morts pour son nom. De ce nombre sont Mathieu, Philippe, Thomas, Lévi, et beaucoup d’autres. Le témoignage public et solennel, loin d’être imposé à tous, est une faveur spéciale et de circonstance. Mais le témoignage que l’on rend au Christ par des œuvres et des actes conformes à la foi que nous avons en lui, voilà le témoignage général, universel ; à ce témoignage universel, vient s’adjoindre le témoignage particulier, celui que l’on rend en face des puissances, quand il le faut, et que la raison le demande. Coûtera-t-il beaucoup au fidèle de confesser, par la sincérité de la parole, celui qu’il confessait déjà par la sincérité de l’affection ? Remarquons-le bien, c’est avec une haute sagesse que le Seigneur a dit de ceux qui lui rendent témoignage : « Ceux qui me confessent, » et de ceux qui apostasient ; « « Ceux qui me renoncent ; » car ces derniers auraient beau le confesser de bouche, ils le renoncent en effet, dès qu’ils ne le confessent pas par leurs actes. Ceux-là seuls confessent son nom, qui vivent dans le témoignage et dans les actes qu’il approuve, en sorte que c’est lui-même qui confesse dans leur personne, parce qu’il habite en eux et qu’ils habitent en lui. Voilà pourquoi il ne peut jamais se renoncer lui-même. Ceux qui le renoncent, ce sont ceux qui n’habitent pas en lui. Examine bien ses paroles, il n’a pas dit : Celui qui renoncera en moi, mais celui qui me renoncera, puisque tout homme qui est en lui ne le renonce jamais. Quant à ces mots : devant les hommes, il faut les entendre