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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

nous, c’est que la nature, la même dans chaque individu, est capable des mêmes vertus. Assurément il ne paraît pas que la femme, en ce qui touche l’humanité, ait une nature, et que l’homme en ait une autre. Il y a évidemment dans tous communauté de nature, et par conséquent communauté de vertu. Que si la tempérance, la justice, et les autres vertus qui en dérivent, sont exclusivement les vertus de l’homme, dès lors il n’appartient qu’à l’homme seul d’être vertueux ; voilà la femme condamnée nécessairement à l’injustice et à l’intempérance. Mais cela est honteux, même à dire. La tempérance, la justice, et généralement les autres vertus, réclament les efforts communs de la femme aussi bien que de l’homme, de l’esclave ou du citoyen, puisqu’il n’y a, le fait est avéré, qu’une seule et même vertu pour une seule et même nature. Nous ne voulons pas dire toutefois que la femme, en tant que femme, ait la même organisation que l’homme. La Providence a établi, pour l’avantage mutuel des deux sexes, une certaine différence, en vertu de laquelle l’un est la femme, et l’autre l’homme. Nous disons donc que la conception et l’enfantement appartiennent à la femme, en tant que femelle, mais non en tant que membre de la famille humaine. Si aucune différence ne séparait l’homme de la femme, l’un et l’autre agiraient de même, seraient affectés de même. Égale de l’homme sous le rapport de l’âme, la femme peut donc s’élever à la même vertu ; mais considérée dans sa structure particulière, son lot est de concevoir, d’enfanter, et de surveiller l’intérieur de la maison. « Car je veux, dit l’apôtre, que vous sachiez que Jésus-Christ est le chef de tout homme, et que l’homme est le chef de la femme. L’homme n’a point été tiré de la femme, mais la femme a été tirée de l’homme. Toutefois, ni la femme n’est sans l’homme, ni l’homme n’est sans la femme, en notre Seigneur. » Ainsi, de même que nous disons à l’homme : sois tempérant, triomphe des plaisirs ; de même nous disons à la femme de pratiquer la tempérance, et de s’exercer à lutter contre les plaisirs. Que nous conseille l’apôtre ? « Or je vous dis : Conduisez-vous selon l’esprit, et vous n’accomplirez