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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

selon les uns, Démyle selon les autres. Théodote le pythagoricien, et Paul, disciple de Lacyde, en firent autant, ainsi qu’on le voit dans l’ouvrage de Timothée de Pergame, intitulé : Courage des Philosophes, et aussi dans les Éthiques d’Achalque. Citons encore le romain Posthumius. Prisonnier de Peucétion, non-seulement il garda dans les tortures le secret qui lui avait été confié, mais plongeant sa main dans le feu comme s’il l’eût étendue sur un vase, il resta impassible et dans la même attitude. Je ne veux pas rappeler l’héroïque exclamation d’Anaxarque sous les pilons de fer d’un tyran : « Broie le sac d’Anaxarque, disait-il ; pour Anaxarque, tu ne le broieras pas. » Ainsi donc l’espérance de la béatitude, et l’amour que nous avons pour Dieu, demeurent libres et sans plaintes comme sans murmures au milieu des vicissitudes de la vie. Que l’espérance et l’amour tombent au milieu des animaux les plus féroces, qu’ils soient consumés par la flamme dévorante, qu’ils soient aux prises avec les instruments de mort des bourreaux, attachés à Dieu par des liens indissolubles, ils s’élèvent sans avoir jamais connu la servitude vers les demeures du ciel, abandonnant aux hommes la dépouille du corps, la seule chose sur laquelle ceux-ci aient quelque pouvoir.

Une nation barbare qui n’est pas étrangère à la philosophie, élit chaque année, dit-on, un des siens pour l’envoyer en députation auprès du demi-dieu Zamolxis, autrefois disciple et ami de Pythagore. Celui qui a été jugé le plus digne est immolé, tandis que ceux qui ont brigué le même honneur, mais sans l’obtenir, s’affligent d’avoir été rejetés d’un sacrifice que couronne la béatitude.

L’église entière est pleine de fidèles, soit hommes courageux, soit chastes femmes, qui, pendant tout le cours de leur vie, ont médité sur la mort par laquelle nous revivons en Jésus-Christ. Quiconque règle sa conduite sur nos croyances et nos mœurs, qu’il soit barbare, grec, esclave, vieillard, enfant ou femme, peut connaître la véritable philosophie, même sans le secours de l’étude et des lettres ; car la sagesse est le partage de tous les hommes qui l’ont embrassée. Un point avoué parmi