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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

tout ! si je prends avec action de grâces ce que je mange, pourquoi ferais-je mal parler de moi pour une chose dont je rends grâce à Dieu ? Soit donc que vous mangiez ou que vous buviez, quelque chose que vous fassiez, faites-le toujours pour la gloire de Dieu. En effet, quoique nous marchions dans la chair, les armes avec lesquelles nous combattons ne sont point charnelles, mais puissantes en Dieu pour détruire les forteresses ennemies et renverser les raisonnements humains et tout ce qui s’élève avec orgueil contre la science du Seigneur. » Couvert de ces armes, le véritable Gnostique s’écrie : Seigneur, fournissez-moi l’occasion de combattre, et recevez cette manifestation que je vous dois. Qu’il vienne cet ennemi redoutable. Fort de mon amour pour vous, je méprise tous ses assauts.

« Car de toutes les choses humaines, la vertu est la seule qui ne reçoive pas du dehors son salaire : elle est à elle-même sa plus noble récompense.

« Revêtez-vous donc, comme élus de Dieu, saints et bien-aimés, d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de modestie, de patience ; mais surtout ayez la charité, qui est le lien de la perfection. Faites régner dans vos cœurs la paix de Jésus-Christ, à laquelle vous avez été appelés, pour ne faire qu’un corps, et soyez reconnaissants, » vous qui, retenus encore dans la chair, vous reposez déjà, comme les anciens justes, dans la tranquillité de l’âme et le calme des passions.

CHAPITRE VIII.
Dans l’Église, les hommes, les femmes, les esclaves, tous sont candidats du martyre.

Les Æsopiens, les Macédoniens et les Spartiates n’étaient pas les seuls qui supportassent avec courage les tortures, comme nous le dit Ératosthène dans son livre Des biens et des maux. En effet, Zénon d’Élée, qu’on avait appliqué à la question pour lui arracher un secret, résista au supplice sans rien déclarer. Il y a mieux ; sur le point d’expirer, il se coupa la langue de ses dents, et la cracha au visage du tyran, Néarque