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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

d’opprobres comme d’un vêtement ; qu’on le frappe d’exil, de confiscation, et enfin de mort, jamais on ne le dépouillera de sa liberté, ni de son bien principal, la charité qui l’unit à Dieu. La charité ! « elle supporte tout ; elle souffre tout, » parce qu’elle est bien convaincue que la divine Providence administre toute chose avec sagesse. « Soyez donc mes imitateurs, je vous en conjure » dit l’apôtre.

Le premier degré pour s’élever au-dessus de l’homme charnel, est le précepte uni à la crainte, par laquelle nous nous abstenons de toute injustice ; le second, c’est l’espérance par laquelle nous désirons le souverain bien ; la charité achève, comme cela est juste, et nous consomme dans les voies de la Connaissance. La Grèce païenne, après avoir attribué à une aveugle fatalité tout ce qui arrive, avoue, je ne sais comment, qu’elle obéit malgré elle. Écoutez du moins Euripide : « Femme, retenez bien mes paroles. Point de créature ici-bas qui ne souffre. Ensevelir ses enfants, en engendrer d’autres, bientôt après mourir soi-même, tel est le douloureux partage de l’humanité. » Le poëte ajoute : « Les maux que la nature nous impose, il faut les supporter, avec résignation et en sortir courageusement. Rien de ce qui est nécessaire n’est intolérable aux mortels. » Mais ceux qui tendent vers la perfection ont pour but la vérité, (la Gnose) qui s’appuie sur cette trinité sainte, la Foi, l’Espérance, la Charité ; « la dernière est la plus excellente des trois. » Oui, certes, dit l’apôtre, tout est permis, mais tout n’est pas expédient. Tout est permis, mais tout n’édifie pas. » Et ailleurs : « Que personne ne cherche seulement sa propre satisfaction, mais encore le bien des autres, afin que l’on puisse en même temps faire et enseigner, édifiant et bâtissant sur ce qu’on édifie. » Que la terre et tout ce qu’elle contient soit au Seigneur, c’est un point indubitable et hors de toute controverse ; mais on ne doit point scandaliser la conscience de celui qui est faible. « Quand je dis la conscience, je ne parle point de la vôtre, mais de celle d’autrui ; car pourquoi m’exposerais-je à faire condamner par la conscience d’un autre, cette liberté que j’ai de manger de