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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

pluie ; mais elles n’ont pas le même privilége que les productions nées dans le sol fertile, puisqu’elles sèchent et qu’on les arrache. La parabole de la semence, expliquée par notre Seigneur, revient très-bien à notre sujet. Le seul laboureur du champ qui est dans l’homme, c’est celui qui, depuis la création du monde, répand d’en haut les semences nutritives, celui qui, dans tous les temps, a fait pleuvoir sur les hommes le verbe divin. Mais la différence des temps et des sols qui l’ont reçu est la cause des différences qui se trouvent entre les productions sorties du même germe. Et d’ailleurs le laboureur ne sème pas seulement du froment (bien qu’il en existe de plusieurs sortes), il sème encore de l’orge, des fèves, des pois, et la graine des légumes et des fleurs que l’on cultive dans les jardins. C’est la même agriculture qui s’occupe des plantations, des jardins et des vergers, enfin, des soins qui font naître et qui nourrissent toutes sortes d’arbres. De même il n’y a pas seulement la science de faire paître les brebis ; il y a encore celle de faire paître les bœufs, celle de nourrir et de dresser les chevaux et les chiens, celle d’élever les abeilles ; et pour tout dire en un mot, celle de soigner les troupeaux et de nourrir les animaux ; toutes sciences qui diffèrent plus ou moins les unes des autres, mais qui sont toutes utiles à la vie d’ici-bas. Je ne donne le nom de philosophie, ni à la doctrine stoïcienne, ni à celle de Platon, ni à celle d’Épicure, ni à celle d’Aristote ; mais seulement au choix qui se compose des meilleures maximes professées par chacune de ces écoles sur la justice, la science et la piété. Tout ce que les sophistes ont pris à la philosophie humaine en l’altérant, je n’en ferai jamais l’ouvrage de Dieu. Voyons ceux qui n’ont pas la science de bien vivre : il leur arrive parfois de faire le bien ; mais il en est qui marchent avec connaissance de cause vers la parole de vérité, comme vers un but. Or, Abraham n’a pas été justifié par ses œuvres, mais par sa foi. Ainsi donc, toutes leurs bonnes œuvres ne leur serviront de rien pour le salut, s’ils n’ont pas eu la foi. Dieu a permis que les saintes Écritures fussent traduites en grec, afin de leur ôter tout pré-