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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

ril. Antigone aussi, méprisant l’arrêt de Créon, répond avec audace :

« Cet ordre, ce n’est pas Jupiter qui me le donne. »

Mais nous, c’est Dieu qui nous intime ses ordres ; il lui faut obéir. « Car, il faut croire de cœur, pour obtenir la justice ; et confesser de bouche, pour obtenir le salut. » C’est pourquoi l’Écriture dit : « Quiconque croit en lui ne sera point confondu. » C’est donc avec raison que Simonide a écrit :

« La vertu habitait, dit-on, sur des rochers d’un accès difficile ; aujourd’hui, elle visite, d’un pas rapide, une chaste demeure. Elle ne peut être aperçue par les yeux de tous les mortels. Quiconque n’aura pas ruisselé de ces sueurs de l’âme, qui dévorent le cœur, ne gravira jamais au faîte du courage. » J’ouvre Pindare : « C’est par le chemin des tribulations et des pénibles travaux que la jeunesse trouve la gloire. La lumière des hauts faits resplendit avec le temps et illumine les deux. »

Eschyle a écrit dans le même sens : « Le mortel qui s’impose de rudes travaux, voit la gloire couronner ses labeurs. » « Plus l’entreprise est haute, plus la récompense est belle, » selon Héraclite.

« Montrez-moi, au contraire, un esclave qui ne tremble pas devant la mort. »

« Car Dieu ne nous a pas donné un esprit de servitude pour nous conduire encore par la crainte, écrit Paul à Timothée, mais un esprit de force, d’amour et de sagesse. Ne rougissez donc point de notre Seigneur, que vous devez confesser, ni de moi qui suis dans les fers pour lui. » Tel sera, au jugement de l’apôtre, celui qui s’attache constamment au bien, celui qui a horreur du mal, et dont la charité est sincère et sans déguisement ; car celui qui aime son prochain accomplit la loi. Or, si le Dieu auquel nous rendons témoignage est le Dieu de notre espérance, comme il l’est véritablement, confessons notre espérance, tendant de tous nos efforts vers ce but, et ce qui est le point capital, suivant l’apôtre, possédant toutes les lumières nécessaires. Les philosophes indiens disaient à Alexan-