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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

« Allez, hommes dont la vie est une pâle clarté, hommes qui passez comme la génération des feuilles, race débile, figures de cire, ombres vaines ; qui vous évanouissez comme un souffle, oiseaux dépourvus d’ailes, êtres d’un jour. » On lit aussi dans Épicharme : « Qu’est-ce que la vie de l’homme ? Une outre pleine de vent. »

Mais nous, le Seigneur, nous a dit : « L’esprit est prompt, la chair est faible, » parce que « l’amour des choses de la chair est ennemi de Dieu, » comme l’explique apôtre, « car il n’est point soumis à la loi de Dieu et ne peut l’être. Ceux qui vivent selon la chair ne peuvent plaire à Dieu. » Et développant davantage sa pensée, de peur que l’on ne s’autorise de ses paroles pour répéter avec l’ingratitude d’un Marcion, que la créature est mauvaise, il ajoute : « Mais si Jésus-Christ est en vous, quoique le corps soit mort à cause du péché, l’esprit est vivant à cause de la justice. » Il poursuit : « Car si vous vivez selon la chair, vous mourrez. Les souffrances de la vie présente n’ont aucune proportion avec cette gloire qui doit un jour éclater en nous, pourvu toutefois que nous souffrions avec Jésus-Christ, afin d’être glorifiés avec lui, comme ses héritiers. Or, nous savons que tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qu’il a appelés selon son décret. Et ceux qu’il a connus dans sa prescience, il les a aussi prédestinés pour être conformes à l’image de son Fils, afin qu’il soit lui-même le premier-né entre plusieurs frères. Et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés. »

Vous voyez, par cet enseignement, que la charité est le principe du martyre. Voulez-vous maintenant être le témoin de Jésus-Christ, à cause des récompenses attachées aux bonnes œuvres ? Écoutez de nouveau : « Nous ne sommes sauvés que par l’espérance. Quand on voit ce qu’on a espéré, ce n’est plus de l’espérance ; car, comment espérerait-on ce qu’on voit déjà ? Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas encore, nous l’attendons par la patience. Et si nous souffrons pour la justice, dit Pierre, nous serons heureux. Ne crai-