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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

Il y a deux sortes de pénitents : les uns, et ce sont les plus nombreux, se repentent par crainte des châtiments qu’ils ont mérités ; les autres, et le nombre en est plus restreint, obéissent à une honte intérieure que le cri de la conscience excite dans leur âme. On peut marcher par l’une et par l’autre de ces voies ; quel est le lieu où ne veille la miséricorde divine ?

Le Seigneur dit encore : « Heureux les miséricordieux, parce qu’ils obtiendront miséricorde ! » La miséricorde n’est pas, comme certains philosophes l’ont cru, la douleur qu’occasionnent en nous les infortunes d’autrui, mais plutôt quelque chose de bon et de doux, dans le langage des prophètes. « Je veux la miséricorde et non le sacrifice, dit le Seigneur. » Il proclame miséricordieux, non pas seulement les hommes qui pratiquent la miséricorde, mais ceux aussi qui ont le désir de l’exercer, quoiqu’ils n’en aient pas les moyens, et sont dans la disposition de vaquer à ses œuvres. Il nous arrive souvent, en effet, de vouloir exercer la miséricorde, soit par une assistance pécuniaire, soit par une assistance corporelle, comme par exemple, de secourir les indigents, de soigner les malades, de visiter les malheureux, et de ne pouvoir mettre à exécution ce pieux dessein, soit que la pauvreté, soit que la maladie, soit que la vieillesse, autre maladie naturelle, nous en empêche. Le désir nous pousse ; mais un obstacle quelconque entrave l’accomplissement de nos désirs. La volonté recueille ici le même honneur que la puissance. Des deux côtés la volonté est égale, quoique la seconde l’emporte par les moyens d’action.

Comme il y a deux voies qui conduisent à la perfection du salut, les œuvres et la connaissance, « Bienheureux, a dit le Seigneur, ceux qui ont le cœur pur, parce qu’il verront Dieu ! » À bien considérer les choses, la connaissance est la purification de la partie de l’âme qui a le gouvernement, et c’est une œuvre bonne. Parmi les choses bonnes, les unes le sont par elles-mêmes, les autres, en tant qu’elles participent des premières ; c’est ce que nous disons des bonnes œuvres. Mais sans les choses intermédiaires, qui rentrent dans la classe de la matière ; par