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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

trompés, ni circonvenus à notre insu par les artifices de ceux qui ne cherchent qu’à perdre leurs auditeurs. Quiconque dédaigne la science, erre çà et là. » Il faut donc étudier la dialectique pour repousser les arguments captieux des sophistes. Et Anaxarque, surnommé l’heureux, a eu raison d’écrire dans son livre de la Royauté : « Une grande érudition peut être fort utile à celui qui la possède ; elle peut également lui être fort nuisible. Elle est utile à celui qui en est digne ; elle est nuisible à celui qui la prodigue à la foule, sans choix et sans retenue. Il faut savoir parler à propos ; telle est la fin de la sagesse. Mais tous ceux qui haranguent sur les places publiques, leur bouche prononçât-elle les choses les plus sensées, ne sont pas réputés sages ; ils font acte de folie. »

Hésiode a dit que « Les muses donnaient au poète la fécondité, l’inspiration, la voix retentissante. »

Il entend par la fécondité, l’abondance des paroles ; par la voix retentissante, la force et la véhémence ; et par l’inspiration divine, l’expérience du vrai philosophe, la connaissance de la vérité.

CHAPITRE VII.
La philosophie ouvre à l’homme une route vers le ciel. Elle n’est pas particulière à une secte, mais ecclectique.

Il est donc évident que les études préparatoires des Grecs nous viennent de Dieu avec la philosophie elle-même, non pas comme but principal, mais comme les eaux de la pluie qui tombent indistinctement sur la bonne terre, sur le fumier et sur le toit des maisons. L’herbe et le froment poussent de la même manière ; le figuier croît même sur les tombes ; et s’il est quelque arbre encore plus hardi, il s’élève aussi. Et ces productions du hasard ont quelquefois plus d’apparence que les véritables, car elles participent également aux bienfaits de la