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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

nes-là, dit l’apôtre, souffriront dans leur chair des afflictions et des peines. Je voudrais vous les épargner ; car je veux que vous soyez libres de toute inquiétude, pour vous porter à ce qui est le plus saint, et qui vous donne un moyen plus facile de prier le Seigneur sans obstacle. » Il faut donc s’occuper de ces besoins matériels, non par rapport à eux-mêmes mais dans l’intérêt du corps. Et si l’on prend soin du corps, c’est à cause de l’âme, pour laquelle tout s’exécute. Tel est le motif qui oblige le zélateur de la vie gnostique à s’instruire de ce qui convient. Car, de ce qu’il existe des plaisirs, illicites, la conclusion naturelle est que le plaisir n’est pas un bien ; sans quoi le bien pourrait paraître un mal, et le mal un bien. De plus, s’il est des plaisirs que nous recherchons et des plaisirs que nous évitons, toute sorte de plaisir n’est donc pus un bien. Ce que je dis des plaisirs, je le dirai des douleurs ; nous supportons les unes, nous fuyons les autres. Qui nous éclaire dans le discernement et le choix ? La science. Par conséquent, le bien véritable ne sera pas le plaisir, mais la science, dans l’intérêt de laquelle nous choisissons certains plaisirs. C’est ainsi que le martyre court, par la douleur présente, à une sainte volupté qu’embrasse son espérance. S’il y a douleur dans la soif ; s’il y a plaisir à étancher sa soif, la souffrance antérieure est la cause de cette jouissance ; mais le mal ne peut jamais être la cause d’un bien ; donc, ni cette douleur, ni cette volupté ne sont un mal.

Ainsi pensaient Simonide et Aristote. Ils ont écrit l’un et l’autre que le premier bien de l’homme est la santé ; le second, la symétrie et la beauté du corps ; le troisième, une fortune acquise par des voies légitimes.

Et Théognis de Mégare :

« Pour échapper à la pauvreté, Cyrnus, précipite-toi dans la mer riche en poissons : précipite-toi du haut des roches aériennes. »

Au contraire, d’après Antiphane le comique.

« Plutus frappe de cécité ceux qui lui arrivent plus clairvoyants que les autres. »