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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

la difformité, de la santé dans la maladie, nous est proposé comme un excellent modèle, quand il confond le tentateur, bénit son créateur, supporte l’abaissement comme il avait supporté la gloire ; preuve admirable que le gnostique, au milieu de toutes les vicissitudes humaines, est capable de vertu. L’apôtre nous fait voir que les beaux exemples des anciens justes, sont placés devant nos yeux, comme des images qui nous excitent à réformer notre vie. « En sorte, dit-il, que mes chaînes sont devenues célèbres à la cour de l’empereur, et partout ailleurs pour la gloire de Jésus-Christ ; et que plusieurs de nos frères, encouragés par mes liens, sont devenus plus hardis à annoncer la parole de Dieu, sans aucune crainte. » L’apôtre avait raison. Les martyrs sont aussi des modèles de conversion, glorieusement sanctifiés. « Tout ce que dit l’Écriture a été écrit pour notre instruction, afin que, par la patience et la consolation dont les Écritures nous offrent des exemples, nous concevions l’espérance d’être consolés. » L’âme, toutefois, quand la douleur s’avance, paraît reculer devant elle et attacher un grand prix à être délivrée des angoisses présentes. Il est constant que, durant cette crise, le désir d’apprendre sommeille, et que les autres vertus sont négligées. Nous ne voulons pas dire que la vertu elle-même souffre, la vertu ne peut être malade. Mais l’homme que se disputent la vertu et la maladie est aux prises avec une douleur poignante. S’il n’a point encore acquis la fermeté d’âme qui sait se contenir, et ce haut courage qui domine l’adversité, il est chassé de son poste. N’avoir point su résister au choc, c’est avoir déserté son drapeau.

Il en est de même de la pauvreté. Elle arrache l’âme à sa vie nécessaire, je veux dire, à la contemplation, et au virginal éloignement de tout péché, pour contraindre l’homme qui n’a pas consacré par l’amour toute sa personne au service de Dieu, de gagner par le travail de quoi alimenter le corps. La bonne santé, au contraire, et l’abondance des choses nécessaires au soutien de la vie matérielle, maintiennent libre et indépendante, l’âme qui sait user sagement des biens terrestres. « Ces person-