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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

acception du mot, mais le martyre spirituel, que le Seigneur nous enseigne, le martyre du Gnostique, qui consiste à gouverner sa vie d’après la règle de l’Évangile, par amour pour Dieu ! Car ces deux mots, la science de mon nom, l’intelligence de mon Évangile, désignent plus qu’une vaine et stérile appellation ; ils indiquent la connaissance réelle, et ce martyre efficace par lequel on abandonne non-seulement la famille terrestre, mais encore tous les biens d’ici-bas, libre de toute passion et de tout désir. Cette mère qu’il faut quitter est, dans un sens allégorique, la patrie et le sol nourricier ; par le mot pères, l’Écriture entend les règlements de la vie civile, au-dessus desquels la grande âme du juste doit s’élever avec actions de grâces, pour mériter les faveurs de Dieu, et conquérir une place à la droite du sanctuaire, comme ont fait les apôtres. Puis vient Héraclite qui dit :

« Les victimes de Mars sont en honneur auprès des dieux et « des hommes ».

Platon écrit dans le cinquième livre de sa République : « Parmi les combattants qui meurent à la guerre, celui d’entre eux qui succombe avec gloire, ne le placerons-nous pas au premier rang dans la race d’or ? Il est certainement le premier. » La race d’or est la postérité des dieux qui peuplent le ciel, la sphère immobile, et qui ont la plus grande part dans la direction des choses humaines.

Mais quelques hérétiques, faute de bien comprendre le Seigneur, nourrissent une impie et lâche affection pour l’existence, et soutiennent que le véritable martyre n’est autre chose que la connaissance de Dieu. Sur ce point nous sommes d’accord ; mais ils traitent d’assassin et d’homicide de lui-même, le Chrétien qui a confessé Dieu par son trépas. Ils mettent encore en circulation d’autres sophismes de même force que leur a suggérés la lâcheté. Nous les réfuterons lorsque le moment en sera venu ; car ils sont en dissidence avec nous sur les principes. D’autres, et il en est quelques-uns de ce nombre, mais qui ne sont pas Chrétiens puisqu’ils n’ont rien de commun avec nous que le nom, d’autres cherchent la mort à dessein, courent réso-