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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

CHAPITRE IV.
Éloge du martyre.

Voilà pourquoi le Gnostique, empressé d’obéir, cède volontiers la dépouille du corps à qui la lui demande ; voilà pourquoi, retranchant autour de lui toute affection charnelle, sans provoquer le tentateur, mais châtiant, ce nous semble, et réprimant ses insolences, « de quelque haute fortune, de quelque degré de félicité qu’il lui faille descendre, » comme le dit Empédocle, il abandonne sans regret ces biens et retourne prendre place au milieu du reste des hommes. D’abord, il se rend à lui-même le témoignage qu’il est sincèrement fidèle à Dieu ; en second lieu, il rend témoignage contre le tentateur en lui prouvant que sa jalousie s’attaque inutilement à celui qui est fidèle par la charité ; il rend enfin ce témoignage au Seigneur qu’il y a au fond de sa doctrine une force de persuasion si énergique, que la crainte de la mort elle-même ne le poussera jamais à l’apostasie. De plus, il donne à la vérité de la prédication la sanction d’un fait, par la manifestation publique de la puissance du Dieu vers lequel il aspire à remonter. Admirez comment ce généreux athlète prêche éloquemment l’amour, en s’unissant par la reconnaissance aux vertus célestes, ses sœurs, et surtout en couvrant de confusion les infidèles par le sang précieux qu’il répand. Retenu par la crainte salutaire du précepte, il refuse de renier le Christ afin de rendre témoignage à la crainte. Et remarquez-le bien, il ne vend pas sa foi dans l’espérance de la couronne qu’on lui prépare ; c’est uniquement par amour pour Dieu qu’il sortira de cette vie, la joie dans le cœur, des actions de grâce sur les lèvres, et pour celui qui lui a fourni un motif de prendre son vol vers les cieux, et pour celui qui a tramé des machinations contre ses jours. Il les remercie l’un et l’autre de lui avoir offert, ce qu’il n’aurait jamais recherché par lui-même, l’honorable occasion de se manifester tel qu’il est, à son bourreau par l’énergie de sa patience, à son