Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/278

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
274
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

toutes ses forces à s’affranchir de l’empire du corps, et à répudier la peine et la crainte, quoique nous ayons prouvé plus haut que la patience et la crainte sont les compagnes de la vertu, l’âme se hâte d’aller rejoindre là-haut ses sœurs divines. Bien que la loi apporte la connaissance du péché, comme le veulent les détracteurs de la loi, et que le péché fût dans le monde avant l’introduction de la loi ; nous leur répondons : « Sans la loi, le péché était mort. » En effet, enlevez le péché, cause de la crainte, n’avez-vous pas enlevé du même coup la crainte elle-même ; à plus forte raison aurez-vous supprimé le châtiment, quand le principe du mauvais désir n’existera plus. « La loi n’est pas établie pour le juste, » dit l’Écriture. Elles sont donc vraies les paroles d’Héraclite : « Les hommes eussent à jamais ignoré le nom de justice, s’il n’y avait pas eu de crimes. » Suivant Socrate : « La loi n’a pas été faite pour les hommes de bien. » Les détracteurs de la loi n’ont pas compris davantage ces paroles de l’apôtre : « Celui qui aime son prochain, ne lui fait point de mal. » En effet, ces prohibitions divines : « Vous ne tuerez point ; vous ne commettrez point d’adultère ; vous ne déroberez point, » et les autres défenses semblables sont comprises dans cette parole : « Vous aimerez votre prochain comme vous-même. » Voilà pourquoi le Seigneur nous dit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, et le prochain comme toi-même. » Mais, puisque l’homme qui aime son prochain ne lui fait point de mal, et que l’ensemble des commandements est renfermé dans cette parole abrégée : « Aimez votre prochain ; » il s’ensuit que les préceptes qui suscitent la crainte, engendrent l’amour et non la haine. La loi, mère de la crainte, n’est donc pas un trouble ni une maladie de l’âme. La loi est donc sainte et vraiment spirituelle, selon les paroles de l’apôtre.

Une fois que nous connaissons la nature du corps et l’essence de l’âme, il reste, ce nous semble, à bien comprendre quelle est la fin de l’un, quelle est la fin de l’autre, et à ne pas regarder la mort comme un mal. « Lorsque vous étiez esclaves