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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

qui leur convient véritablement, faits à l’image de cette antique offrande que composaient tant d’objets divers et dont Sophocle a dit :

« Il y avait une toison de brebis, une libation de vin, des raisins soigneusement conservés, des fruits de toute nature, des vases pleins d’huile d’olive, et des rayons du miel le plus brillant, édifice de cire qu’avait bâti l’industrieuse abeille. » Ainsi donc, nos Stromates, pour me servir de la comparaison que Timoclès le comique met dans la bouche de son jardinier, produisent, comme un champ fertile, des figues, de l’huile, des figues sauvages et du miel. Cette heureuse fécondité fait dire à son maître :

Tu veux parler, sans doute, du rameau d’olivier que l’on dépose devant le temple, mais non d’un champ cultivé. » C’est qu’en effet, les enfants d’Athènes avaient coutume de chanter ces vers :

Le rameau d’olivier produit des olives, des figues et des pains nourrissants, du miel dans nos cotyles[1], et de l’huile pour assouplir nos membres. »

Il faut souvent, comme le vanneur qui a démêlé le bon grain de la paille, passer le froment au crible et le purger de ses immondices.

CHAPITRE III.
En quoi consiste la véritable excellence de l’homme.

La plupart des hommes, par la mobilité et l’emportement de leurs idées, ressemblent aux saisons orageuses. Écoutez-les : « L’incrédulité est la mère des biens ; la foi est la mère des maux ! » Que dit Épicharme ? « Souviens-toi de ne pas croire ; c’est le nerf de l’intelligence. » Fort bien ! Mais d’abord, ne pas croire à la vérité, c’est la mort ; de même qu’y croire, c’est la vie. Tout au contraire, croire au mensonge et

  1. Mesure de capacité chez les Grecs. Le cotyle répondait à notre demi-setier.