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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

est-il fortifié la chair contre l’âme en rendant à la première sa vigueur et sa santé ? « Je veux dire, mes frères, que la « chair et le sang ne peuvent posséder le royaume de Dieu, et « que la corruption ne possédera point cet héritage incorruptible. » En effet, entre le péché, œuvre de corruption, et l’héritage incorruptible, c’est-à-dire la justice, que peut-il y avoir de commun ? « Êtes-vous si dépourvus de sens, dit l’apôtre, qu’après avoir commencé par l’esprit, vous prétendiez maintenant arriver à la perfection par la chair ? »

CHAPITRE XVIII.
Deux opinions extrêmes à fuir également : l’opinion de ceux qui s’abstiennent du mariage par haine du Créateur, et l’opinion de ceux qui prennent occasion du mariage pour se livrer aux dissolutions.

Parmi les hérétiques, les uns, ainsi que nous l’avons prouvé, ont exagéré les œuvres de la justice et du salut, comme un instrument que l’on monte à un ton trop élevé. Ils ont admis la continence, mais en partant d’un principe blasphématoire et impie, lorsqu’il fallait choisir pieusement la chasteté qui se gouverne d’après les régies d’une saine raison, remerciant Dieu de la faveur qu’il leur avait accordée, se gardant bien de haïr la créature, ni de mépriser ceux qui sont engagés dans le mariage. En effet, le monde a été créé, la virginité a été créée ; au monde et à la virginité, par conséquent, de rendre grâces à Dieu dans l’état où chacun a été placé, pourvu que chacun en connaisse bien les règles et les charges. Les autres, au contraire, lâchant la bride à la passion, se sont jetés dans tous les excès ; « chevaux enflammés, courant et hennissant après les cavales, chacun d’eux a poursuivi la femme de son prochain ; » incapables de se commander à eux-mêmes, engageant les autres à n’avoir souci que de la volupté, et interprétant d’une manière déplorable ce texte sacré : « Mets ton héritage au milieu de nous ; n’ayons qu’une ceinture et qu’une bourse. » C’est pour nous prémunir