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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

la nature a poussé nos premiers parents à l’œuvre de la génération ; séduits par les suggestions de l’ennemi, entraînés par la fougue de la jeunesse, ils ont obéi, plutôt qu’il ne convenait, aux instincts de la chair, Qu’arrivera-t-il ? La condamnation que Dieu prononça contre eux est donc juste, puisqu’ils devancèrent ses ordres. En second lieu, la génération est donc sainte, puisque par elle le monde existe ; par elle les essences, par elle les nations, par elle les anges, par elle les puissances, par elle les âmes, par elle les préceptes, par elle la loi, par elle l’Évangile, par elle, enfin, la connaissance de Dieu. « Toute chair est comme l’herbe, et sa beauté ressemble à la fleur des champs. L’herbe sèche, la fleur tombe ; mais la parole de Dieu reste ; » la parole qui s’est répandue sur l’âme, à la manière d’une huile sainte, et qui l’a unie étroitement à l’esprit. Sans le corps, comment la divine économie de l’Église eût-elle été conduite à sa fin, puisque le Seigneur lui-même, chef de l’Église, vécut ici-bas dans la prison de la chair, obscur et sans gloire devant les hommes, pour nous apprendre à ne tourner les yeux que vers l’essence incorporelle et invisible de la cause première, qui est Dieu. « Dans le bon désir, dit le prophète, est un arbre de vie ; » pour nous apprendre que les désirs honnêtes et purs sont dans le Dieu vivant. À cette occasion, les hérétiques ne veulent-ils pas encore que le commerce légitime de l’époux et de l’épouse soit un péché ! Selon eux, ce commerce désigné par l’action de manger du fruit de l’arbre du bien et du mal, est exprimé par ce mot, il connut, qui indique la transgression du commandement divin. Mais si cette explication est plausible, la connaissance de la vérité est aussi l’action de manger du fruit de l’arbre de vie, un mariage que règle la tempérance et la chasteté peut donc participer à ce bois. Mais déjà la loi nous a dit que l’homme a la faculté d’user bien ou mal du mariage. Voilà l’arbre de la connaissance pour lui ; c’est de ne point violer les lois de l’union conjugale. Mais quoi ! notre Sauveur lui-même n’a-t-il pas guéri les maladies du corps comme les maladies de l’âme ? Si le corps était l’ennemi nécessaire de l’âme,