Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/262

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
258
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

— Mais le Seigneur a dit : « Quiconque ne hait point son père et sa mère, ou sa femme et ses enfants, ne peut être mon disciple. »

Le Seigneur n’ordonne point par là de haïr sa propre famille. N’est-ce point lui qui a prononcé cet oracle ? « Honore ton père et ta mère, afin que tout prospère pour toi. » Il veut nous dire seulement : ne vous laissez point entraîner à des désirs contraires à la raison, et fuyez tout contact avec les mœurs étrangères ; car la famille se maintient par la race et la cité par la famille. C’est ainsi que Paul dit également, « que ceux qui s’occupent des choses du mariage plaisent au monde. » Il dit ailleurs : « Si vous êtes marié, ne repoussez point votre épouse ; si vous ne l’êtes pas, ne vous mariez pas. » C’est-à-dire, vous qui, dans un but de chasteté, avez fait vœu de ne point vous marier, persévérez dans le célibat. Le Seigneur vous fait à l’un et à l’autre des promesses analogues, par la bouche du prophète Isaïe : « Eunuque, ne t’écrie plus : je ne suis qu’un bois aride ; car le Seigneur dit aux eunuques : si vous gardez le sabbat que j’ai établi, si vous accomplissez tout ce que j’ai commandé, je vous donnerai une place d’un plus grand prix que des fils et des filles. » Qu’importe, en effet, la chasteté ? Qu’importe le sabbat de l’eunuque ? Il faut encore pour sa justification qu’il observe les commandements.

Les élus ne travailleront pas en vain ; les femmes n’enfanteront plus dans la malédiction, parce que leur postérité a été bénie par le Seigneur. » C’est qu’à l’homme qui, animé de l’esprit du Verbe, a procréé, instruit, élevé des enfants dans le Seigneur, comme aussi à celui qui a engendré spirituellement, par la parole et l’enseignement véritable, une récompense est promise, comme à une race de bénédiction et d’élection.

Selon quelques-uns, le mot malédiction est ici le synonyme de procréation des enfants. Insensés qui ne comprennent pas que c’est à eux-mêmes que l’Écriture applique cet anathème ! En effet, les vrais élus du Seigneur n’engendrent ni dogmes, ni enfant de malédiction, à la manière de l’hérésie. Le mot eunuque, dans la bouche du Seigneur, ne signifie donc pas celui que