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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

aux choses de la terre, engendrent et sont engendrés ; mais nous, nous vivons déjà dans le ciel ; c’est de là aussi que nous attendons le Sauveur. » Paroles pleines de sens, nous le savons aussi, et où nos devoirs sont tracés ! Étrangers et voyageurs ici-bas, il nous faut vivre comme des étrangers et des voyageurs ; dans le mariage, comme n’étant pas mariés ; possédant, comme ne possédant pas ; engendrant des enfants, comme engendrant des êtres destinés à mourir ; disposés à abandonner tout ce qui est à nous ; prêts à vivre sans femme, s’il est besoin ; n’apportant que des désirs modérés dans l’usage des créatures ; n’en usant qu’avec actions de grâces, les yeux de l’âme toujours fixés sur nos hautes destinées.

CHAPITRE XV.
Il explique plusieurs passages des saintes Écritures.

Lorsque l’apôtre dit encore : « Il est avantageux à l’homme de ne s’approcher d’aucune femme ; mais, pour éviter la fornication, que chaque homme vive avec sa femme, » il ajoute, comme pour expliquer ses paroles : « De peur que Satan ne vous tente. » Est-ce à ceux qui usent avec tempérance du mariage, et dans l’unique but de la génération, qu’il adresse ces mots : « À cause de votre incontinence ? » Non sans doute ; il les dit pour ceux qui veulent s’affranchir des œuvres de la génération elle-même. Il craint que le démon en les encourageant par son assentiment perfide, ne soulève en eux les flots de la concupiscence, pour les précipiter dans des voluptés étrangères. Peut-être aussi que jaloux et opiniâtre antagoniste de ceux qui pratiquent la justice, l’adversaire essaie de les attirer dans ses rangs par ce piège, et leur fournit une occasion de chute dans une continence pleine de labeurs. L’apôtre a donc raison de dire : « Il vaut mieux se marier que de brûler, » afin que le mari rendant à sa femme ce qu’il lui doit et la femme ce qu’elle doit à son mari, ils ne se frustrent ni l’un ni l’autre de ce divin secours donné pour la reproduction de l’homme.