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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

redevenions comme des enfants qui reconnaissent leur véritable père, régénérés qu’ils sont par l’eau du baptême, autre création dans la création.

Mais l’apôtre dit : « Celui qui n’est point marié s’occupe du soin des choses du Seigneur, celui qui est marié, au contraire, s’occupe de plaire à sa femme. » — Quoi donc ? Celui qui plaît, selon le Seigneur, à sa femme, ne peut-il pas rendre grâces à Dieu ? Tout marié qu’il est, ne peut-il pas vaquer en même temps au soin de la famille et aux œuvres du Seigneur ? Or, de même qu’une « femme qui n’est point mariée s’occupe du soin des choses du Seigneur, afin d’être sainte de corps et d’esprit, » ainsi celle qui a un époux s’occupe dans le Seigneur du soin des choses qui regardent son époux, et du soin des choses du Seigneur, afin d’être sainte de corps et d’esprit. Toutes les deux sont saintes dans le Seigneur, l’une comme épouse, l’autre comme vierge.

L’apôtre, pour la honte et la répression de ceux qui ont du penchant aux secondes noces, s’écrie d’une voix haute, mais juste : « Tout péché est hors du corps ; mais celui qui commet la fornication pèche contre son propre corps. » Soutenir encore que le mariage est une fornication, je le répète, c’est blasphémer la loi et le Seigneur ; car, de même qu’on nomme fornication la soif des richesses, parce qu’elle est l’ennemie d’une sage modération ; de même que l’idolâtrie consiste à partager l’unité divine en plusieurs dieux, ainsi la fornication passe d’un seul mariage à plusieurs mariages. N’avons-nous pas déjà vu l’apôtre distinguer trois sortes de fornication et d’adultère ? Le prophète y fait allusion dans ces mots : « Vous avez été vendus à vos péchés ; » et encore : « Vous vous êtes souillés sur une terre étrangère, » réputant criminelle toute union de la chair avec une femme autre que celle qui est donnée à l’homme par le mariage pour en avoir des enfants. De là aussi ce langage de l’apôtre : « J’aime mieux que les jeunes filles se marient, qu’elles aient des enfants, qu’elles soient mères de famille, et qu’elles ne fournissent à nos ennemis aucune occasion de parler de nous ; car il y en a déjà quelques unes qui se sont égarées