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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

cée, il veut que le Sauveur ait fait allusion à la procréation des enfants quand il a dit : « N’amassez pas des trésors sur la terre, où la rouille et les vers les dévorent. » Il ne rougit pas d’attribuer le même sens à ces paroles du prophète : « Vous tous, vous vieillirez comme un vêtement et vous serez la pâture des vers. » Assurément nous n’imaginons pas de contredire les Écritures, en niant que nos corps soient d’une nature corruptible et caduque ; mais ne serait-il pas possible que le prophète adressât cette menace aux pécheurs avec lesquels il s’entretenait ? Quant au Seigneur, loin de songer à condamner la procréation des enfants, il avait en vue d’exhorter à l’aumône et à la charité ceux qui ne s’occupent que d’amasser, sans vouloir secourir les indigents. « Travaillez, dit-il, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui demeure dans la vie éternelle. »

On s’arme encore de cette parole du Christ sur la résurrection des morts : « Les enfants de ce siècle n’épousent pas de femmes, ni les femmes de maris. » Mais qu’on se rappelle et la nature de l’interrogation et le caractère de ceux qui interrogeaient, on reconnaîtra que, loin de rejeter le mariage, le Seigneur guérit ceux qui le questionnent du grossier espoir qu’ils se plaisaient à nourrir jusqu’après la résurrection. Ces mots : « Les enfants de ce siècle, » le Christ ne les a pas prononcés pour les appliquer spécialement aux enfants de quelque autre siècle ; c’est comme s’il avait dit : « Ceux qui sont nés dans ce siècle, fils de la génération, engendrent et sont engendrés, puisque nul, sans la génération ne peut franchir les limites de cette vie ; mais la faculté de se reproduire, périssable comme l’homme, lui est refusée une fois que l’existence lui a échappé. » Nous n’avons donc qu’un seul père qui est dans les cieux ; mais qui, par la création, est lui-même le père de toutes choses. « N’appelez sur la terre personne votre père, dit le Seigneur ; » c’était nous dire : « N’imaginez pas que l’homme, par qui vous avez été engendrés selon la chair, soit l’auteur de votre être ; il n’a été que l’auxiliaire, ou plutôt le ministre de votre naissance. » Ainsi donc, il veut que, convertis au Seigneur, nous