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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

baptême à la faculté génératrice de la semence humaine, comme pour attester qu’elle n’avait pas la procréation en horreur. En effet, l’homme tout entier est contenu dans le germe primordial. Ce qui constitue la génération, ce n’est pas le nombre des actes de la chair, mais la fécondation du laboratoire de la nature où la semence s’épaissit en embryon. Je le demande, comment le mariage institué par la loi serait-il le seul mariage ? Comment celui de Moïse et celui du Christ seraient-ils en opposition puisque nous avons conservé le même Dieu ? L’homme n’a point autorité pour dissoudre ce que Dieu a joint. À plus forte raison le fils maintiendra-t-il les institutions du père. Et si la loi et l’Évangile émanent du même législateur, il est donc d’accord avec lui-même ; car la loi vit, spirituelle qu’elle est et comprise dans son sens mystique. Mais nous, nous sommes morts à la loi par le corps de Jésus-Christ, pour être à un autre maître qui est ressuscité d’entre les morts, et dont l’avénement a été prédit par la loi, afin que nous portions des fruits pour Dieu. Voilà pourquoi la loi est sainte et le commandement saint, juste et bon. Nous sommes donc morts à la loi, qu’est-ce à dire ? morts au péché que manifeste la loi, que la loi n’engendre pas, mais qu’elle met en lumière, ici, par le précepte, là, par la prohibition, reprenant le péché présent, afin qu’il nous apparaisse comme prévarication.

Le mariage établi par la loi est un péché, dites-vous ? — Je ne sais plus, dès-lors, comment on peut se glorifier de connaître Dieu, puisque cela revient à dire que Dieu commande le péché. Si la loi est sainte, saint aussi est le mariage. L’apôtre applique donc ce sacrement à l’union mystique de Jésus-Christ et de l’Église : « De même que ce qui est né de la chair est chair, ainsi ce qui est né de l’esprit est esprit, » dans le double enfantement soit de la chair, soit de l’intelligence. Conséquemment, ce sont des enfants saints et agréables à Dieu, que les paroles du Seigneur, par lesquelles ont été consommées les fiançailles de notre âme. Rien donc de commun entre la fornication et le mariage, puisqu’il y a loin de Satan à Dieu. « C’est pourquoi vous êtes vous-mêmes morts à la loi par le