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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

du mariage, et livrent le nom du législateur véritable aux blasphèmes des païens. Tatien de Syrie n’a pas craint de professer ces doctrines. Il écrit, dans son livre De la perfection selon le Sauveur : « L’apôtre applique le consentement à la prière ; mais la communauté de la mort et de la corruption rompt tout commerce avec Dieu. Sa prudente concession n’est qu’un avertissement de nous abstenir. Car, en permettant aux époux de vivre encore ensemble, à cause de Satan et de l’incontinence, il déclare que profiter de cette permission c’est servir deux maîtres ; Dieu, par le consentement ; l’incontinence, la fornication, le démon, par la dissidence. »

C’est ainsi que Tatien interprète les paroles de l’apôtre. Mais, en appelant ce qui n’est pas au secours de ce qui est, il nous donne des sophismes pour la vérité. Nous aussi, nous convenons que l’incontinence et la fornication sont des suggestions de Satan ; mais le consentement, intervenant dans un mariage pudique, porte les deux époux, ici, à la prière par la continence ; là, les rapproche réciproquement dans de chastes nœuds, pour la génération des enfants.

Il n’en faut point douter ; l’Écriture donne au temps de la procréation le nom de connaissance, lorsque nous lisons : « Adam connut Ève, sa femme, laquelle conçut et enfanta un fils, en disant : Le Dieu m’a donné un autre fils au lieu d’Abel. » Comprenez-vous maintenant à qui s’attaquent les blasphémateurs qui ont en abomination les chastes relations de la chair, et qui attribuent au démon l’œuvre de la génération ? Moïse ne dit pas simplement Dieu ; mais en faisant précéder ce mot de l’article le, il désigne celui auquel appartient la toute-puissance. Ces mots ajoutés par l’apôtre : «  « Et de nouveau vivez ensemble comme auparavant, à cause de Satan, » n’ont pour objet que de retrancher d’avance dans notre cœur toute convoitise étrangère. Car ce consentement pudique de se refuser pour un temps l’un à l’autre, ne repousse pas à tout jamais comme honteux les appétits de la nature, puisque c’est par le consentement que l’apôtre rapproche de