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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

intervalle de trois ans entre la naissance d’Aaron et celle du nouveau né. Si j’examine la tribu de Lévi, je vois qu’elle entra dans la terre promise, inférieure en nombre aux autres tribus, pour avoir gardé rigoureusement cette loi de la nature, que Dieu nous a transmise. En effet, la population s’accroît lentement dans les races, quand les hommes ne connaissent les femmes qu’en légitime mariage et qu’ils attendent pour les rapprochements de la chair, non-seulement les derniers termes de la grossesse, mais encore ceux de l’allaitement. Voilà pourquoi Moïse, pour faire avancer les Juifs par degrés dans la continence, veut avec raison qu’ils n’entendent la parole de Dieu qu’après s’être abstenus pendant trois jours consécutifs de l’acte conjugal. « Nous sommes donc le temple de Dieu, » suivant le langage du prophète. « J’habiterai en eux et je marcherai au milieu d’eux, et je serai leur Dieu, et ils seront mon « peuple. » Mon peuple ! Pourvu que nous ayons, soit individuellement, soit comme Église tout entière, réglé notre vie sur ses commandements. « C’est pourquoi, retirez-vous du milieu d’eux, et ne touchez point à ce qui est impur, et je vous recevrai. Je serai votre père, et vous serez mes fils et mes filles, dit le Seigneur : tout-puissant. » Que prétend-il par cet oracle prophétique ? Que nous nous séparions des hommes qui ont contracté des mariages ? Nullement. Il nous prescrivait de rompre avec les gentils qui vivent encore dans la fornication, de rompre avec les hérésies que nous avons nommées plus haut, parce qu’elles sont entachées de souillure et d’impiété. De là vient que Paul aussi, s’élevant indirectement contre des doctrines semblables, écrit ces mots : « Recevez donc ces promesses, mes bien aimés ! purifions nos propres cœurs de tout ce qui souille l’esprit achevant l’œuvre de notre sanctification, dans la crainte de Dieu. Car je vous aime pour Dieu d’un amour de jalousie, depuis que je vous ai fiancés à cet unique époux, qui est Jésus-Christ, peur vous présenter à lui, comme une vierge toute pure. » L’Église, il est vrai, ne peut s’unir à un attiré époux puisqu’elle a déjà un fiancé ; mais chacun de nous est libre d’épouser en mariage légitime la femme qu’il veut,