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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

CHAPITRE XI.
Préceptes de la loi et du Christ qui défendent la concupiscence.

Ces principes ainsi démontrés, rappelons les passages des Écritures qui combattent les sophismes des hérétiques, et indiquons la règle d’après laquelle se gouverne la continence animée de l’esprit du Verbe. L’Écriture renferme des textes propres à la réfutation de chaque hérésie en particulier. Le fidèle qui a l’intelligence des livres saints, s’en servira, comme d’une arme judicieuse, pour réfuter les novateurs qui dogmatisent contre les commandements. Pour reprendre les choses de plus haut, la loi, comme nous l’avons déjà déclaré, prononça cet oracle : « Tu ne désireras point la femme de ton prochain, » avant que le Christ eût promulgué dans le nouveau Testament une défense semblable, en conversant avec nous sans intermédiaire : « Vous avez entendu que la loi dit : Tu ne commettras point d’adultère. Et moi, je vous dis : Vous ne convoiterez pas. » Que la loi enjoigne à l’époux d’user sobrement du mariage et uniquement dans le but de la procréation des enfants, c’est ce qui résulte manifestement de ses paroles, quand elle défend à tout homme, qui vit dans le célibat, « de s’approcher immédiatement de sa captive. Une fois qu’elle lui aura inspiré des désirs, il lui permettra de pleurer pendant trente jours, après que sa chevelure sera tombée sous les ciseaux. » Si le désir ne s’éteint pas dans le deuil et l’absence, il peut dès lors engendrer avec elle ; les mouvements qui le dominent, éprouvés par un temps limité, ne sont plus que des désirs raisonnables. Aussi ne me citerez-vous jamais, l’Écriture à la main, un seul homme de l’ancienne loi qui se soit approché d’une femme enceinte, mais vous trouverez partout que les relations conjugales n’ont été rétablies qu’après la délivrance de l’épouse et l’entier allaitement des enfants. Que dis-je ? Le père de Moïse, déjà fidèle à cette institution, n’engendre Moïse qu’après un