Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/245

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
241
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

habite la puissance d’un Dieu, universelle et divisible tout en demeurant une. L’homme donc, qui use des facultés naturelles de l’âme avec une tempérance raisonnable, désire les objets qui lui conviennent, et repousse les choses qui lui répugnent, dans la mesure des commandements. « Tu béniras, disent-ils, qui te bénira ; tu maudiras qui te maudira. » Mais quand, élevé au-dessus de la colère et du désir, et aimant réellement la créature en vue de Dieu, créateur de toutes choses, il a embrassé la vie d’un gnostique, et s’est établi, par sa ressemblance avec le Sauveur, dans un état de continence qui n’a plus rien de laborieux pour lui, parce qu’il a réuni la connaissance, la foi et l’amour, alors, devenu un dans ses jugements, véritablement spirituel, n’ouvrant jamais son âme aux moindres pensées qui proviennent de la colère et du désir, homme parfait enfin, rendu semblable au Seigneur par le Créateur lui-même, et bien digne d’être appelé frère par le Sauveur, voilà le fils, voilà l’ami. C’est ainsi que deux ou trois personnes sont assemblées dans le même lieu, c’est-à-dire dans le vrai gnostique. Il se pourrait encore que cette communauté de sentiment, exprimée par les trois personnes avec lesquelles se trouve le Seigneur, signifiât une seule Église, un seul homme, une seule-race. Quand le Seigneur porta la loi, n’était-il pas avec le Juif, à l’exclusion de tout autre peuple ? Et lorsqu’il fit retentir les prophéties, lorsqu’il envoya Jérémie à Babylone, lorsqu’il appela, par la prédication, les Gentils, ne rassembla-t-il pas deux peuples ? Et le troisième, n’est-ce pas celui qui a été formé de ces deux peuples « en un seul homme « nouveau dans lequel Dieu habite et marche au sein de l’Église elle-même ? » La loi ancienne, les prophètes, l’Évangile, ne se confondent-ils pas au nom du Christ dans une seule connaissance ? (gnose.) Les insensés qui, par haine, fuient le mariage, ou qui, par concupiscence, abusent sans scrupule de la chair, comme chose indifférente, ne sont donc point du nombre des élus, avec lesquels habite le Seigneur.