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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

volte volontairement contre la loi. J’en conclus que l’apôtre n’a aucune horreur de la vie qui anime la chair, lorsqu’il dit : « Mais, parlant avec toute liberté, Jésus-Christ sera encore glorifié dans mon corps, soit par ma vie, soit par ma mort, comme il l’a toujours été ; car Jésus-Christ est ma vie, et la mort m’est un gain. Mais si, en demeurant plus longtemps dans ce corps mortel, je dois être utile, je ne sais que choisir. Je me sens pressé des deux côtés ; j’ai, d’une part, un ardent désir d’être dégagé des liens du corps et d’être avec Jésus-Christ, ce qui vaudrait beaucoup mieux pour moi ; de l’autre, il est plus avantageux pour vous que je demeure en cette vie. » Ne montre-t-il pas ouvertement par ces paroles, que la mort, en brisant la prison de l’âme, nous consomme dans l’amour de Dieu, et que la perfection de la vie, tant que nous sommes retenus dans la chair, est une attente et une patience pleine de gratitude, à cause de ceux qui ont besoin d’être sauvés ? Mais pourquoi les téméraires qui prennent pour guide leur liberté naturelle plutôt que la règle évangélique dont la vérité est le fondement, n’ajoutent-ils pas à leurs citations précédentes les paroles qui suivent et qui sont empruntées à celles que le Seigneur adresse à Salomé ? Cette femme venait de dire : « J’ai donc bien fait, moi qui n’ai pas enfanté ; » se louant ainsi de n’avoir pas été mère. Le Seigneur lui réplique : « Nourrissez-vous de toute herbe, mais non de celle qui est amère. » Il indique par là que la continence et le mariage sont laissés à notre choix, sans qu’il y ait nécessité ni commandement de l’un ou de l’autre ; il prouve, de plus, que le mariage continue l’œuvre de la création. Qu’on cesse donc de regarder comme une prévarication, l’union contractée selon le Verbe, à moins qu’on ne juge comme trop pénible le soin d’élever des enfants, dont la privation est si douloureuse pour d’autres. En outre, que la paternité ne paraisse amère à personne, en tant qu’elle détourne des œuvres divines par les mille occupations qu’elle entraîne avec elle. Cet homme, incapable de porter facilement la vie solitaire, désire une famille, puisque la jouissance tempérante des choses qui plaisent n’en-