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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

jours aux mêmes lois. Mais le Seigneur ne nous a point trompés ; car, en vérité, il a détruit les œuvres de la concupiscence, l’amour de l’argent, des querelles, de la gloire, la passion effrénée des femmes, la pédérastie, la gourmandise, la prodigalité et les autres abominations semblables. Or, la naissance de ces vices est la mort de l’âme, puisque nous mourons véritablement par nos péchés. Par la femme, il entend l’intempérance. Mais il est nécessaire que la naissance et la mort des créatures aient lieu conformément aux lois établies, jusqu’au jour de la séparation définitive, et du rétablissement de l’élection par laquelle les substances mêlées au monde seront rendues à leur état naturel. Il n’est donc pas étonnant que le Verbe, ayant parlé de la consommation des temps, Salomé ait dit : « Jusques à quand les hommes mourront-ils ? » Or, l’Écriture donne à l’homme un double nom ; l’homme extérieur et l’âme ; et encore, celui qui est sauvé et celui qui ne l’est pas. Quant au péché, il est appelé la mort de l’âme. C’est pour cela que le Seigneur répond avec circonspection et sagesse : « Tant que les femmes enfanteront ; » c’est-à-dire, aussi longtemps que durera l’action des désirs. Aussi, écoutez l’apôtre : « Comme le péché est entré dans ce monde par un seul homme, et la mort par le péché ; ainsi la mort a passé à tous les hommes par ce seul homme en qui tous ont péché. » Et : « La mort a régné depuis Adam jusqu’à Moïse. » Par une nécessité naturelle de l’ordre que Dieu a établi, la mort suit la naissance ; et la séparation du corps et de l’âme est amenée par leur réunion. Mais si la naissance a lieu pour la discipline et la connaissance, la séparation a lieu dans un but de rétablissement. De même que la femme est regardée comme la cause de la mort, parce qu’elle enfante ; ainsi, par le même motif, elle sera nommée le chef de la vie. La femme qui donna le premier exemple de la désobéissance fut nommée la vie, (Ève, en grec, Zoe), à cause de la succession d’êtres qui devaient descendre d’elle ; mère également de ceux qui naissent et de ceux qui sont morts, justes ou injustes ; selon que chacun de nous travaille à sa justification, ou, au contraire, se ré-