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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

saire. Nous ne sommes pas les enfants du désir, mais les enfants de la volonté. Celui qui s’est marié pour donner le jour à des enfants, a obligation de s’exercer à la continence, afin de ne pas désirer même sa propre femme, qu’il doit chérir, en n’apportant à la procréation qu’une volonté chaste et tempérante. En effet, nous n’avons point appris « à contenter la chair. » Loin de là ! Nous marchons dans le Christ, qui est notre jour, et dans une vie sagement réglée, qui est la lumière du Christ, et non dans la débauche, dans les festins, dans les impudicités, dans les dissolutions, dans les querelles et dans les jalousies. » Qu’on ne s’y trompe pas ! Il ne convient pas d’envisager la continence sous un seul point, par rapport aux plaisirs de la chair, par exemple ; elle embrasse toutes les convoitises auxquelles peut se porter une âme sensuelle, avide de voluptés et incapable de se borner au nécessaire. L’œuvre de cette vertu est de mépriser l’argent, d’étouffer la volupté, de fouler aux pieds les richesses, de dédaigner les spectacles, de modérer la langue, de maîtriser par la raison les appétits déréglés. Quelques anges, devenus incontinents et vaincus par la concupiscence, ne sont-ils pas tombés du ciel sur notre terre ? Valentin, dans son épître à Agathopode, dit : « Jésus, après avoir résisté à toutes les tentations, déployait la continence d’un Dieu. Il mangeait et buvait d’une manière qui lui était propre ; il ne rendait jamais les aliments qu’il prenait ; il y avait en lui une telle force de continente pureté que la nourriture ne se corrompait pas dans un corps qui n’avait point à passer par la corruption du tombeau. » Pour nous, Chrétiens, nous pratiquons la continence et sanctifions le temple de l’Esprit saint par amour pour le Seigneur, non moins que par estime pour ce qui est beau. Car il est beau « de se faire eunuque de tout désir, à cause du royaume de Dieu, et de purifier sa conscience des œuvres mortes, afin de rendre un vrai culte au Dieu vivant. »

Quant à ceux qui, par haine de la chair, désirent en ingrats briser l’union conjugale, et renoncer aux aliments établis par l’usage, ce sont des ignorants et des impies qui poursuivent à