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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

Condamneront-ils aussi les apôtres ? Pierre, et Philippe eurent des enfants. Philippe, en outre, maria ses filles. Paul lui-même ne craint pas, dans une de ses épîtres, d’adresser la parole à sa femme, qu’il ne conduisait pas partout avec lui, à cause de la promptitude et de la liberté que réclamait son ministère. Aussi dit-il, dans une de ses épîtres : « N’avons-nous pas le pouvoir de mener partout avec nous une femme qui soit notre sœur en Jésus-Christ, comme font les autres apôtres ? » Ceux-ci, en effet, attachés aux devoirs de la prédication, conformément à leur ministère, et ne devant pas en être distraits, menaient partout avec eux des femmes, non pas en qualité d’épouses, mais avec le titre de sœurs, pour leur servir d’interprètes auprès des femmes que leurs devoirs retenaient à la maison, et afin que, par ces intermédiaires, la doctrine du Seigneur pénétrât dans les gynécées, sans que la malveillance pût les blâmer ou élever d’injustes soupçons. Nous savons tout ce qu’enseigne sur les diaconesses le très-illustre Paul, dans la seconde épître à Timothée. Au reste, il s’écrie lui-même : « Le « royaume de Dieu ne consiste pas dans le boire et dans le manger, pas plus que dans le vin et les viandes que l’on s’interdit ; mais dans la justice, dans la paix et dans la joie que donne le Saint-Esprit. » Lequel de ces hérétiques a marché çà et là, comme Élie, couvert d’une peau de brebis et avec une ceinture de cuir ? Qui d’entre eux a revêtu un cilice, nu dans tout le reste du corps et sans chaussure, comme Isaïe ? Qui porte seulement une ceinture de lin, comme Jérémie ? Qui embrassera, sur les pas de Jean, le plan de vie digne d’un gnostique ? Tout en macérant ainsi leur corps, les bienheureux prophètes rendaient grâces au Créateur. Mais la prétendue justice de Carpocrate et de ceux qui, au même droit que lui, aspirent à la communauté du libertinage, est confondue par les paroles suivantes. Car, en même temps que le Seigneur nous dit : « Donnez à celui qui vous demande, » il ajoute : « Ne repoussez pas celui qui veut emprunter de vous ; » désignant ainsi le devoir de l’aumône, et non la communauté charnelle. Or, comment y aura-t-il quelqu’un qui demande, qui reçoive