Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/234

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
230
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

humbles. » Ensuite, ils ignorent pourquoi le Seigneur ne s’est pas marié. D’abord, sa fiancée véritable fut l’Église ; puis, il n’était pas un homme comme les autres, pour avoir besoin d’une aide selon la chair. D’ailleurs, il ne lui était pas nécessaire d’engendrer des enfants, lui qui demeure éternellement ; lui, le fils unique de Dieu. Or, c’est lui-même qui dit : « Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a joint. » Et encore : « Mais comme il est arrivé dans les jours de Noé, les hommes épousaient des femmes et mariaient leurs filles ; ils bâtissaient et plantaient ; et comme il est arrivé dans les jours de Loth, ainsi sera l’avènement du Fils de l’homme. » Et pour montrer qu’il ne s’adresse pas aux Gentils, il ajoute : « Quand le Fils de l’homme viendra, pensez-vous qu’il trouve de la foi sur la terre ? » Et encore : « Malheur aux femmes qui seront enceintes, ou qui allaiteront en ces jours-là ! » Toutefois, ces choses sont dites dans un sens allégorique. C’est pourquoi il n’a pas marqué le moment que le Père garde en ses décrets, afin que le monde continuât de subsister par les générations. Quant à cette réponse du Seigneur : « Tous n’entendent pas cette parole ; car il y a des eunuques sortis tels du sein de leur mère ; il y en a que les hommes ont faits eunuques ; et il y en a qui se sont faits eunuques eux-mêmes, à cause du royaume des Cieux ; que celui qui peut entendre, entende. » Les hérétiques ne savent pas qu’après que le Seigneur eut parlé du divorce, plusieurs lui demandant : « Si telle est la conduite de l’homme avec la femme, il n’est donc pas bon de se marier ? » Il dit alors : « Tous n’entendent pas cette parole, mais ceux à qui il est donné. » Ceux qui l’interrogeaient ainsi voulaient savoir de lui s’il permettait qu’on épousât une autre femme, après que la première avait été condamnée et chassée pour cause de fornication.

On dit que beaucoup d’athlètes s’abstiennent des plaisirs charnels, pratiquant ainsi la continence à cause des exercices du gymnase. De ce nombre furent Astyle de Crotone, et Crison d’Himère. Amébée, le joueur de flûte, ne s’approcha point de la jeune femme qu’il venait d’épouser. Aristote, le cyrénaïque,