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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

fit de leur luxure des préceptes pleins de sagesse et d’utilité ; Vous avez fatigué le Seigneur par vos discours, s’écrie Malachie, et vous avez demandé : En quoi l’avons-nous fatigué ? En ce que vous avez dit : Tous ceux qui font le mal sont bons aux yeux du Seigneur. Voilà ceux qui lui plaisent ; et où est le Dieu de justice ?

CHAPITRE V.
Il signale deux sortes d’hérétiques : les premiers déclarent que tout leur est permis. Il les réfute d’abord.

Fouiller plus profondément ce sol infect, ce serait remuer un trop grand nombre d’extravagances et d’hérésies. D’ailleurs, les détails qu’elles entraîneraient nécessairement, si nous les parcourions les unes après les autres, nous condamneraient nous-mêmes à rougir, et alongeraient démesurément ces commentaires. Pour obvier à ces inconvénients, voyons à ranger en deux classes toutes les hérésies, afin de leur répondre ensuite. En effet, ou elles prêchent la licence et l’affranchissement de toute règle ; ou, dépassant la juste mesure, elles professent la continence par haine et par impiété. Traitons d’abord de la première série. S’il est permis de choisir un genre de vie quel qu’il soit, il est libre de choisir, celui que la continence accompagne. Cela est évident ; et si tout genre de vie est sans danger pour celui qui en fait choix, il est évident qu’une vie tempérante et vertueuse est bien plus sûre encore. Car, si le maître du sabbat a reçu le privilége (menât-il une vie déréglée), de n’être pas comptable, à plus forte raison, celui qui se sera bien conduit sera-t-il au dessus de tout compte. « Car, tout est permis, mais tout n’est pas expédient, » dit l’apôtre. Or, si tout est permis, évidemment il est aussi permis d’être tempérant. De même donc que celui qui a usé de sa liberté pour vivre dans la vertu, est digne d’éloges ; de même aussi, celui qui nous a donné la libre jouissance de nous-mêmes et qui nous a permis de vivre à notre gré, est beaucoup plus digne encore de vénération et d’adoration, pour n’avoir pas voulu