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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

le vôtre ! Ne manifestez-vous pas au contraire l’impuissance et te néant de votre père, comme vous l’appelez ?

Ces hérétiques recueillit encore çà et là, dans certains passages des prophètes, des lambeaux de maximes qu’ils rattachent maladroitement à leurs dogmes, et des allégories qu’ils prennent à la lettre sans chercher le sens du symbole. Il est écrit, disent-ils : Ils ont résisté à Dieu, et ils ont été sauvés. Mais ils ajoutent au dieu impudent, et les voilà transformant leur interpolation en conseil qui leur a été prescrit, avec l’opinion que leur salut est de résister au Créateur. Mais d’abord, il n’est pas écrit : au dieu impudent. Si le texte n’est point altéré, comprenez, insensés, par ce mot impudent, celui que l’on appelle le diable, soit parcequ’il est le calomniateur de l’homme, soit parcequ’il est l’accusateur du pécheur, soit parcequ’il est apostat. Mais voici le fait ; Le peuple auquel s’applique cette parole, supportant avec peine et avec larmes la punition de ses péchés, murmurait, ainsi que le raconte le livre sacré, de ce que les autres nations, ne recevaient pas le châtiment de leurs iniquités, tandis qu’à lui seul on demandait un compte rigoureux de chacune de ses fautes. Delà cette parole de Jérémie : « Pourquoi les impies prospèrent-ils dans leurs voies ? » parole semblable à celle que nous avons déjà citée de Malachie : Ils ont résisté à Dieu, et ils ont été sauvés. Car les prophètes inspirés par Dieu, non contents de proclamer les vérités qu’ils ont reçues d’en haut par inspiration, répètent encore par forme de subjection et comme des questions que les hommes adressent, à Dieu, les rumeurs et les plaintes du peuple. Tel est le mot que nous avons rapporté. L’apôtre ayant en vue ces hérétiques dans son épître aux Romains, n’écrit-il pas ? « Et pourquoi ne ferons-nous pas le mal afin qu’il en arrive du bien, comme quelques-uns nous le font dire par une insigne calomnie ? Ceux-là seront justement condamnés. » Ce sont les hommes qui, en lisant, dénaturent, par les inflexions de la voix, le sens des Écritures pour justifier leurs voluptés personnelles, et qui, par la transposition de certains accents et de certains signes de ponctuation, détournent violemment au pro-