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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

origine (car il me semble qu’ils sont en face de moi), ne savez-vous pas qu’en repoussant des préceptes qui sont justes, vous repoussez votre propre salut ? Non, ce n’est pas à la ruine de préceptes utiles, mais à votre propre ruine que vous travaillez. Que dit le Seigneur ? Que vos bonnes œuvres brillent. Mais vous, que mettez-vous en lumière, sinon vos intempérances ? D’ailleurs, acharnés comme vous le dites à détruire les préceptes du législateur, pourquoi donc vous efforcer de ruiner au profit de votre intempérance les préceptes qui disent : « Tu ne seras point adultère ; tu ne commettras pas le crime de Sodome, » et tous ceux qui recommandent la continence ; tandis que vous ne détruisez pas l’hiver, œuvre du même législateur, pour placer l’été au milieu de l’hiver ? Que ne rendez-vous la terre navigable ? Que n’ouvrez-vous la mer au pied de l’homme, comme le tenta le barbare Xerxès, au rapport des historiens ? Pourquoi ne repoussez-vous pas tous les commandements ? Car, lorsque Dieu prononce cet oracle : Croissez et multipliez-vous, vous devriez, vous, ses adversaires, vous abstenir entièrement de l’œuvre de la chair. Et lorsqu’il vous dit : « Je vous ai donné toutes choses, pour votre nourriture et pour votre jouissance ; » vous devriez vous les interdire toutes. Il y a plus, lorsqu’il vous dit : œil pour œil, vous ne devriez pas rendre coup pour coup. Et lorsqu’il ordonne que le voleur rende le quadruple de ce qu’il a pris, ne vous conviendrait-il pas, au contraire, de donner quelque chose de plus au voleur ? Pareillement encore, puisque vous refusez d’obéir à ce précepte : Tu aimeras le Seigneur, vous ne devriez pas même aimer le Dieu de l’univers. Et lorsqu’il nous dit : « Tu ne tailleras ni ne jetteras en fonte aucune image ; » il vous faudrait, pour être conséquents, adorer des images. Et comment ne seriez-vous pas des impies, vous qui vous constituez, pour me servir de vos termes, les adversaires du Créateur, mais qui ne dédaignez pas d’inviter les prostituées et les adultères ? Insensés, qui ne comprenez pas que vous relevez la puissance de ce Dieu dont vous proclamez la faiblesse, puisque sa volonté s’accomplit et non la volonté du dieu bon que vous donnez pour