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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

élever au rang d’une sainte doctrine la communion des plaisirs charnels, c’est le propre d’un homme qui méconnaît le salut.

Telles sont aussi les doctrines des disciples de Prodicus, qui se donnent, sans aucun droit, le nom de gnostiques. Fils du premier Dieu par droit de nature, comme ils le prétendent, ils abusent de cette noble origine et de leur prétendue liberté, pour vivre à leur fantaisie. Or, leur fantaisie les porte surtout vers les plaisirs des sens ; ils se proclament affranchis de tout lien, comme maîtres du sabbat, et supérieurs à tout autre par l’excellence de leur race et leur qualité de fils de roi. La loi, disent-ils, n’atteint pas le roi. Mensonges ! D’abord, ils ne font pas tout ce qu’ils veulent ; car de nombreux obstacles les arrêteraient, malgré leurs désirs et leurs efforts ; et ce qu’ils font, ils ne le font pas comme des rois, mais comme des criminels qui portent encore l’empreinte de la flagellation. C’est furtivement qu’ils commettent leurs adultères, craignant toujours d’être surpris, évitant d’être condamnés, et redoutant le supplice. Singuliers actes de liberté que l’incontinence et l’obscénité du langage ! « Tout homme qui pèche est esclave, » dit l’apôtre. Et comment se gouvernerait-il selon Dieu, celui qui s’asservit à toute concupiscence ? Écoutez le Seigneur : « Et moi je vous dis : ne convoitez pas. » Or, quel est le misérable qui voudra pécher de propos délibéré ? Qui prêchera la doctrine de l’adultère ? Qui autorisera les dissolutions et la profanation de la couche nuptiale ? N’avons-nous pas pitié de ceux même qui pèchent involontairement ? Supposez les hérétiques transportés dans un monde qui n’est pas le leur ; comme ils ont été infidèles dans le monde d’un Dieu étranger, ils ne trouveraient aucune créance. Un hôte insulte-t-il aux habitants d’une ville où il a été accueilli ? cherche-t-il à leur nuire ? ou plutôt ne vit-il pas comme un honnête voyageur, usant de ce qui lui est nécessaire, sans offenser aucun de ceux qui lui ont donné l’hospitalité ?

Et comment, lorsque dans leur révolte contre les lois, ils se conduisent aussi honteusement que ceux qui sont abominables aux yeux des payens eux-mêmes, c’est-à-dire lorsqu’ils sont livrés à l’adultère, à l’iniquité, à l’incontinence, à la fraude,