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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

celle qu’il avait épousée ; que ses filles ont vieilli dans la virginité, et que son fils est demeuré dans le célibat. La chose étant ainsi, Nicolas, en amenant au milieu des apôtres la femme dont on l’accusait d’être jaloux, voulait se justifier de l’inculpation, et par sa continence dans des plaisirs recherchés d’ordinaire avec empressement, il enseignait à abuser de la chair, c’est-à-dire à mortifier les sens. Car ils ne voulaient pas, j’imagine, servir l’un et l’autre deux maîtres, selon le langage du précepte, Dieu et la volupté. C’est pourquoi l’on assure que Mathias enseignait aussi, qu’il faut combattre les sens et abuser de la chair, en lui refusant tout ce qui peut servir d’aliment à la volupté ; mais, augmenter les forces de l’âme par la foi et par la connaissance. Il en est d’autres qui appellent une honteuse promiscuité du nom de communion mystique, profanant ainsi ce mot sacré. De même que nous employons le mot œuvre pour désigner une action, qu’elle soit bonne ou mauvaise, en la qualifiant par un nom générique ; ainsi en est-il de ce mot communion. La communion légitime consiste à se partager mutuellement l’argent, la nourriture et les vêtements ; mais eux, ce n’est que par une dénomination impie qu’ils ont pu appeler communion tout accouplement charnel. L’un d’eux s’étant approché, comme on le rapporte, de l’une de nos vierges, qui était dans tout l’éclat de la beauté, lui dit : Il est écrit : « Donnez à qui vous demande. » Celle-ci, sans rien comprendre aux intentions lubriques de cet homme, lui répondit avec le langage de l’innocence : « Consultez ma mère sur ce mariage. » Ô impiété ! ils vont jusqu’à dénaturer les paroles du Seigneur, ces associés de débauche, ces frères de lubricité, opprobre de la philosophie, ou pour mieux dire, du genre humain tout entier ; ces corrupteurs, ou plutôt, ces destructeurs de la vérité, autant du moins qu’ils peuvent la détruire ; hommes trois fois misérables, qui consacrent et enseignent la libre communion de la chair, et pensent s’élever par elle au royaume de Dieu. Mais non ; cette communion les pousse aux lieux de débauche ; leurs dignes communiants, ce seraient les boucs et les pourceaux ; et les courtisanes, toujours prêtes au fond de leur re-