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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

porte que des cosses de fèves jetées autour des racines de jeunes arbres, les assèchent ; et que parmi les oiseaux domestiques, ceux que l’on nourrit continuellement de fèves, deviennent stériles.

CHAPITRE IV.
Les hérétiques prennent occasion des maximes qu’ils inventent pour se livrer à des désordres de toute nature.

Parmi ceux que l’hérésie entraîne, nous avons nommé l’habitant du Pont, Marcion, qui, par suite de la guerre qu’il a déclarée au Créateur, se refuse à user des choses de ce monde. Mais le motif de sa continence, si toutefois on peut l’appeler de ce nom, c’est sa haine, sa révolte envers le Créateur lui-même. Dans le combat que le géant impie s’imagine livrer à Dieu, il se condamne à une continence involontaire, en insultant à la création et à l’œuvre divine. Voudrait-il s’étayer des paroles du Seigneur, quand il dit à Philippe : « Laissez les morts ensevelir leurs morts ; vous, suivez-moi. » Mais, qu’il le sache bien ! Philippe, tout revêtu qu’il était d’une semblable chair, n’était point un cadavre en corruption. Comment donc, avec une enveloppe charnelle, ne portait-il pas un cadavre ? C’est qu’il s’était relevé du sépulcre par la mort du vice, et qu’il vivait en Jésus-Christ. Nous avons aussi rappelé la doctrine criminelle de Carpocrate sur la communauté des femmes ; mais, à l’occasion d’une parole de Nicolas, nous avons omis le fait suivant. Il avait, dit-on, une femme dans la fleur de l’âge et de la beauté ; après l’ascension du Sauveur, comme les apôtres lui faisaient honte de sa jalousie, il amena sa femme au milieu d’eux, et permit à qui voudrait de l’épouser. En effet, ajoute-t-on, cette liberté est d’accord avec l’aphorisme de Nicolas : « Il faut abuser de la chair. » Ses disciples, adoptant à la lettre et sans examen l’exemple non moins que la parole du maître, se livrent publiquement à une fornication effrontée. Mais, pour moi, je sais que Nicolas ne connut d’autre femme que