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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

« Il m’a toujours semblé, comme il me semble encore, que les hommes ne devraient jamais engendrer d’enfants, lorsqu’ils voient pour combien de maux nous les engendrons. »

Et dans les vers qui suivent, le poète fait remonter clairement la cause de nos maux jusqu’à ses premiers principes :

« Ô homme, s’écrie-t-il, tu es né pour la souffrance et pour le malheur ! et cette fatalité de la vie, tu l’as reçue à l’instant même où l’air a commencé de nourrir tous les mortels en leur donnant le souffle qui les anime. Mortel, n’oublie donc pas que tu es sujet à la mort. »

C’est encore dans le même sens qu’il dit :

« Pas un mortel qui connaisse le bonheur et la félicité ; pas un qui ait vécu sans tribulations ! »

Et ailleurs :

« Hélas ! hélas ! combien lourds et nombreux sont les maux des mortels ! combien ils sont variés ! où est la limite qui leur est assignée ? »

Et pareillement :

« Parmi les mortels, pas un qui soit heureux jusqu’à la fin. »

C’est pour cela, dit-on, que les Pythagoriciens s’abstiennent des plaisirs de la chair ; pour moi, il me semble au contraire qu’ils se marient pour avoir des enfants ; seulement lorsqu’ils en ont, ils veulent maîtriser leur penchant aux plaisirs, sensuels. C’est par la même raison qu’ils défendent mystérieusement l’usage dès fèves, non que ce légume soit venteux ou indigeste, ou qu’il engendre des songes tumultueux, ni que la forme en soit pareille à la tête de l’homme, comme le veut ce vers :

« Manger des fèves ou manger la tête de son père, est une même chose ; »

Mais bien plutôt parce que les fèves rendent stériles les femmes qui s’en nourrissent. En effet, Théophraste, dans le cinquième livre de son ouvrage des Causes naturelles, rap-