Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/216

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
212
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

« Vivre est-ce mourir ? Mourir est-ce vivre ? Qui le sait ? »

Hérodote semble mettre dans la bouche de Solon des paroles semblables : « Ô Crésus, tout homme n’est que misère. »

La fable de Cléobis et de Biton n’est évidemment écrite que dans le but de condamner la naissance et de louer la mort.

« Telle la naissance des feuilles, telle aussi celle des hommes, dit Homère. »

Dans le Cratyle, Platon attribue à Orphée le dogme que l’âme subit dans le corps un châtiment. Voici les paroles de Platon : « Il en est qui veulent que le corps (en grec Sôma) soit le tombeau (Sèma) de l’âme, parce qu’elle est ensevelie dans la vie présente. Comme, sous un autre aspect, l’âme exprime par le corps ce qu’elle veut exprimer, on peut l’appeler aussi Sèma. Orphée, ce me semble, a donné ce nom au corps surtout, parce que l’âme y subit le châtiment de fautes antérieures. » Il est bon de rappeler ici les paroles de Philolaüs ; ce pytagoricien nous dit : « Les théologiens et les devins antiques attestent que l’âme a été jointe au corps pour expier un crime, et qu’elle a été ensevelie dans le corps comme dans un tombeau. » Pindare lui-même, parlant des mystères d’Éleusis, en tire cette conclusion : « Quiconque les a vus, descend heureux dans les profondeurs de la terre ; il connaît la fin de la vie ; il connaît l’empire donné par Jupiter. » Platon, aussi, dans le Phédon, ne craint pas d’écrire ces paroles : « Or, ceux qui ont établi les mystères parmi nous, n’ont rien fait autre chose, etc., etc… » jusqu’à ces mots : « Il habitera avec les dieux. » Et ces autres paroles du même Platon : « Tant que nous avons un corps et que notre âme se trouve mêlée à un pareil mal, jamais nous ne possédons entièrement ce que nous désirons. » N’est-ce pas insinuer que la génération est la cause des plus grands maux ? Platon atteste encore la même chose dans le Phédon : « Il peut advenir « qu’à l’égard de ceux qui s’appliquent vraiment à la philosophie, le vulgaire ignore que tous leurs efforts ne tendent qu’à sortir de la vie et qu’à mourir tous les jours. » Platon ajoute : « C’est pourquoi l’âme du philosophe a le plus