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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

plus tard, lorsque nous traiterons de l’âme : Héraclite donc paraît maudire la génération dans le passage suivant : « Ceux qui sont nés veulent vivre et engendrer pour la mort, ou plutôt ils veulent se livrer au repos du sommeil, et ils laissent des enfants qui mourront après eux. » Il est évident qu’Empédocle est du même avis :

« J’ai pleuré, s’écrie-t-il, et je me suis lamenté en voyant pour la première fois un monde auquel je n’étais point accoutumé. »

Il dit encore :

« La nature nous fait passer par la mort en changeant notre forme. »

Et ailleurs :

« Grands dieux ! qu’elle est malheureuse la race des mortels ! Oh ! qu’elle est misérable ! À quelles discordes et à quels gémissements, pauvres humains, êtes-vous réservés ! » La sibylle dit aussi :

« Hommes sujets à la mort, hommes de chair et qui n’êtes rien. »

C’est aussi l’opinion du poète qui écrit :

« La terre ne nourrit rien de plus misérable que l’homme. »

Théognis également montre que la génération est un mal, lorsqu’il dit :

« De tous les biens, le plus grand pour les mortels est de ne pas naître et de ne pas voir l’éclatante lumière du soleil ; pour celui qui est né, c’est de franchir au plus tôt les portes de la mort, et de se reposer dans la tombe sous un monceau de terre. »

Le poète tragique, Euripide, parle dans le même sens :

« Il fallait nous réunir et pleurer sur l’enfant qui naissait, en le voyant entrer dans cette carrière de maux ; aujourd’hui qu’il est mort, et se repose enfin de ses labeurs pénibles, il faut nous réjouir et le porter au bûcher au milieu de joyeuses félicitations. »

Il exprime ailleurs la même pensée :