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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

essayé, dans cette agape, de la communauté, ils ne manquent pas, les jours suivants, de sommer les femmes qu’ils convoitent d’obéir à la loi, je ne dis pas du divin Carpocrate, Dieu m’en préserve, mais de Carpocrate. Carpocrate aurait dû, selon moi, offrir de pareilles lois à la lubricité des chiens, des porcs et des boucs. Au reste, il me semble avoir mal compris Platon quand il dit dans sa République : « Toutes les femmes doivent être communes. » Communes en ce sens, qu’avant d’être mariées, elles pourront être demandées en mariage par quiconque le désirera. C’est ainsi que le théâtre est commun à tous les spectateurs. Mais, du reste, il voulait qu’une fois mariées, elles appartinssent à leur premier époux et ne fussent plus communes. Xanthus, dans son outrage intitulé Des mages, rapporte que les mages partagent la couche de leurs mères et de leurs filles ; qu’il leur est permis de s’approcher de leurs sœurs, et que les femmes sont communes entre eux, non par force ni par ruse, mais par un mutuel consentement, lorsque l’un veut épouser la femme de l’autre. Jude me semble, dans son épître, avoir dit prophétiquement de ces hérétiques et de ceux qui tombent dans les mêmes erreurs : « Ceux-là aussi rêvent ; car s’ils étaient éveillés, ils n’oseraient jamais combattre ainsi la vérité ; » et le reste, jusqu’à ces mots : « Et leur bouche profère des paroles qui respirent l’orgueil. »

CHAPITRE III.
Platon et quelques anciens philosophes ont devancé les Marcionites et d’autres hérétiques qui s’abstiennent du mariage parce qu’ils pensent que la créature est mauvaise et que les hommes naissent pour la douleur.

Platon, il est vrai, (et les Pythagoriciens, et plus tard encore les Marcionites, ont été du même sentiment) ; Platon, dis-je, a pensé que la génération était chose mauvaise ; mais il