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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

communauté à laquelle ils participent tous également. Le créateur et le père de toutes choses leur a également donné à tous, par une loi de sa justice, un œil pour voir, sans distinguer le mâle de la femelle ; ni l’homme de la brute, en un mot, sans établir aucune différence ; en leur partageant également et en commun le don de la vue, il les en a tous gratifiés à la fois et par une seule et même loi. Mais les lois, n’ayant pu corriger l’ignorance des hommes, leur ont appris à enfreindre les lois. Car les lois particulières ont dissous et anéanti la communauté consacrée par la loi divine, ajoute Épiphane, sans comprendre cette parole de l’apôtre : « C’est par la loi que j’ai connu le péché. » Le mien et le tien, poursuit-il, se sont introduits furtivement chez les hommes par le canal des lois. Les hommes n’ont plus joui en commun, ni de la terre, ni des biens acquis, ni même du mariage, comme ils avaient le droit d’en jouir. Car Dieu a fait la vigne pour les besoins de tous ; elle ne refuse ses fruits ni au passereau ni au voleur. Il en est ainsi du blé et des autres fruits. C’est la violation de la communauté et de l’égalité qui a suscité le voleur de bestiaux et le voleur de fruits. Dieu donc, en créant tout pour l’usage de tous, en rapprochant les deux sexes pour des unions communes, et en unissant de la même sorte tous les êtres vivants, a proclamé pour souveraine justice la communauté et l’égalité. Mais ceux qui sont nés ainsi, ont renié celle qui leur donna le jour, la communauté des hommes et des femmes. Si donc, dit-il, quelqu’un en épouse une, qu’il la garde ; puisque tous peuvent s’unir à toutes, comme le prouvent les autres animaux. Ce sont ses paroles formelles ; puis il ajoute en propres termes : « Pour assurer la perpétuité des races, Dieu a fait naître dans l’homme un désir plus violent et plus vif que chez la femme. Ce désir, aucune loi, aucune coutume, rien ne peut l’étouffer ; c’est une loi de Dieu. »

Mais comment nous arrêter davantage à l’examen d’une doctrine ouvertement subversive de la loi de Moïse et de l’Évangile ? La loi dit : « Tu ne seras point adultère. » Et l’Évangile : « Quiconque aura regardé une femme pour la convoiter, a déjà commis l’adultère. » Ces paroles de la loi :