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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

rendent au temple, offrent des sacrifices à Épiphane pour honorer le jour de son apothéose, font des libations, célèbrent des festins et chantent des hymnes en son honneur. Son père lui fit parcourir le cercle entier des sciences, et l’instruisit dans la philosophie de Platon. C’est lui qui inventa la doctrine des monades ; c’est à lui que remonte l’hérésie des Carpocratiens. Il dit donc dans son livre De la justice : « La justice de Dieu est une certaine communauté ayant pour base l’égalité. Le ciel ne se déroule-t-il pas également de toutes parts, et n’enveloppe-t-il pas la terre entière dans une même circonférence ? La nuit ne fait-elle pas également briller toutes les étoiles ; et d’en haut, Dieu ne verse-t-il pas également les rayons du soleil, source du jour et père de la lumière, sur tous ceux qui peuvent voir ? et l’aspect de cet astre ne leur est-il pas commun à tous ? C’est que Dieu ne distingue pas le riche du pauvre ni du puissant, le fou du sage, la femme de l’homme, le maître de l’esclave. Il n’agit pas autrement, même envers les brutes ; mais en versant du haut du ciel sur tous les animaux, bons et mauvais, une égale portion de lumière, il affermit le règne de la justice, personne ne pouvant avoir plus qu’un autre, ni enlever à son prochain sa part de lumière, et doubler par ce surcroît la sienne propre. Le soleil fait naître des aliments communs pour tous les animaux. Une justice commune veille également aux intérêts de chacun, et à cet égard les bœufs sont comme les génisses, les porcs comme leurs femelles, les brebis comme les béliers, et ainsi des autres animaux. C’est à cette communauté de biens que se manifeste en eux la répartition de la justice. C’est encore en commun que l’on sème toutes les graines, chacune selon son espèce. Une nourriture égale et commune germe à la surface de la terre pour tous les animaux qui paissent sans aucune distinction ; mais par les soins du donateur qui lèvent ainsi, elle est également et justement répartie entre tous. À l’égard de la génération, ils n’ont aucune loi écrite ; eût-elle existé, elle serait anéantie ; car ils sèment et engendrent également avec la première venue, grâce à la communauté que la nature, fille de la justice, a établie parmi eux ;