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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

ture enveloppe sous la même dénomination de sagesse toute science ou tout art profane, enfin tout ce que l’esprit de l’homme a pu concevoir et imaginer, et que toute invention d’art ou de science vient de Dieu ; ajoutons les paroles suivantes, elles ne laisseront aucun doute : « Et le Seigneur parla à Moïse en ces termes : Voilà que j’ai appelé Béséléel, fils d’Uri, fils de Hur, de la tribu de Juda, et je l’ai rempli d’un divin esprit de sagesse, d’intelligence et de science, pour inventer et exécuter toutes sortes d’ouvrages, pour travailler l’or et l’argent, et l’airain, et l’hyacinthe, et le porphyre, et le bois de l’arbre qui donne l’écarlate, et pour exécuter tous les travaux qui concernent l’architecte et le lapidaire, et pour travailler les bois, etc. » Dieu poursuit de la sorte jusqu’à ces mots : « Et tous les ouvrages. » Puis il se sert d’une expression générale pour résumer ce qu’il vient de dire : « Et j’ai mis l’intelligence dans le cœur de tous les ouvriers intelligents ; » c’est-à-dire, dans le cœur de tous ceux qui peuvent la recevoir par le travail et par l’exercice. Il est encore écrit d’une manière formelle, au nom du Seigneur : « Et toi, parle à tous ceux qui ont la sagesse de la pensée, et que j’ai remplis d’un esprit d’intelligence. » Ceux-là possèdent des avantages naturels tout particuliers ; pour ceux qui font preuve d’une grande aptitude, ils ont reçu une double mesure, je dirai presque un double esprit d’intelligence. Ceux même qui s’appliquent à des arts grossiers, vulgaires, jouissent de sens excellents. L’organe de l’ouïe excelle dans le musicien, celui du tact dans le sculpteur, de la voix dans le chanteur, de l’odorat dans le parfumeur, de la vue dans celui qui sait graver des figures sur des cachets. Mais ceux qui se livrent aux sciences ont un sentiment spécial par lequel le poète a la perception du mètre ; le rhéteur, du style ; le dialecticien, du raisonnement ; le philosophe, de la contemplation qui lui est propre. Car, c’est à la faveur de ce sentiment ou instinct qu’on trouve et qu’on invente, puisque c’est lui seul qui peut déterminer l’application de notre esprit. Cette application s’accroît à raison de l’exercice continu. L’apôtre a