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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

L’apôtre, répondent-ils, a voulu dire : Si vous ne vous mariiez pas, vous risqueriez de jeter votre âme dans le feu en résistant nuit et jour et en craignant de perdre la continence ; car une âme qui est tout occupée à résister, se sépare de l’espérance. « Prenez donc, dit en propres termes Isidore dans ses Morales, une femme d’une forte constitution, de peur que vous ne vous sépariez de la grâce de Dieu ; puis, après avoir éteint votre feu en satisfaisant votre passion, vous pourrez prier avec plus de liberté. Et lorsque votre action de grâces, poursuit-il, se sera transformée en demande, et que désormais vous aurez résolu, non pas de bien faire, mais de ne pas succomber, mariez-vous. Mais voici un jeune homme, il est pauvre et porté aux plaisirs de la chair, et conformément à la sagesse, il ne veut pas se marier. Qu’il prenne bien garde de ne pas se séparer d’un frère ; qu’il dise : je suis entré dans la voie sainte ; rien de mal ne saurait m’arriver. A-t-il quelque crainte ? qu’il dise : frère, impose-moi la main, afin que je ne pèche point ; et il recevra du secours et dans son âme et dans son corps. Qu’il veuille seulement accomplir ce qui est bien et il y réussira. Mais souvent nous disons de bouche : je ne veux pas pécher, et notre cœur persévère dans les liens du péché. C’est la crainte et l’appréhension d’un supplice qui empêchent un homme animé de ces sentiments d’exécuter ce qu’il projette. La nature humaine a des besoins nécessaires et des besoins seulement naturels. Les vêtements sont à la fois nécessaires et naturels. Les plaisirs charnels sont naturels, mais non pas nécessaires. » J’ai cité ces paroles pour rappeler au devoir ceux des Basilidiens qui se conduisent mal, et qui se font de la perfection un prétexte pour commettre le péché ; ou qui tout au moins se flattent d’être infailliblement sauvés, quand même ils pécheraient ici-bas, parce qu’ils ont été élus, disent-ils, dès le sein de leur mère. Ils verront par là que tel n’était pas le sentiment des premiers auteurs de leur doctrine. De grâce donc, qu’ils ne fassent plus blasphémer le nom du Christ en se donnant pour Chrétiens et en menant une vie plus licencieu-