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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

reste à la Providence ! Nous lisons dans les poètes tragiques que Polyxène, quoique égorgée et mourante, montra le plus grand soin à tomber avec décence, et à couvrir ce qu’il faut cacher aux yeux d’un homme. Le mariage fut aussi pour elle une calamité.

Ainsi donc, succomber sous l’effort des passions et leur céder la victoire, voilà le dernier degré de la servitude, comme les vaincre est la seule liberté. C’est pourquoi, d’après les divines Écritures, ceux qui ont violé les commandements, sont vendus aux étrangers ; c’est-à-dire aux péchés, qui sont contraires à la nature ; esclavage qui se prolonge jusqu’au moment de la conversion et du repentir. Il faut donc veiller sur le mariage, comme on veille sur une statue sainte, et le garder pur de toute profanation ; nous éveillant avec le Seigneur, nous endormant avec actions de grâces ; priant, et lorsque nous fermons les yeux, et lorsque brille le flambeau sacré de la lumière ; faisant de toute notre vie un témoignage pour le Seigneur ; possédant la piété dans notre âme, et retenant sous les lois de la tempérance jusqu’à notre corps ; car la tempérance et la mesure dans les paroles et dans les actions, sont choses vraiment agréables à Dieu. La voie de l’impudence est l’obscénité des paroles, qui produisent ensemble l’obscénité des actions.

Mais comme l’Écriture conseille le mariage, et ne permet pas de renvoyer l’épouse, le Seigneur établit formellement cette loi : « Vous ne renverrez pas votre femme, si ce n’est pour cause d’adultère. » Tout mariage contracté pendant que l’un des époux vit encore, est à ses yeux un adultère. La femme se met au-dessus des soupçons et de la calomnie, ajoute-t-il, en n’ajustant ni ses cheveux ni sa personne au-delà de ce qui convient, en se livrant avec assiduité à l’oraison et à la prière, en ne quittant que rarement sa maison, en écartant de sa présence, autant que possible, ceux qui ne sont pas de sa famille, et en préférant son intérieur à des conversations oiseuses. « Quiconque, dit le Seigneur, épouse une femme répudiée, commet un adultère avec elle. Quiconque répudie son épouse, commet un adultère avec elle, » c’est-à-dire la force d’être adultère.