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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

c’est-à-dire, lorsque le fils sera parvenu à la même perfection que le père. » Le mariage est donc absolument nécessaire, et dans l’intérêt de la patrie, et pour avoir des héritiers de son propre sang, et pour coopérer au perfectionnement du monde, autant qu’il est en notre pouvoir. Car les poëtes déplorent un mariage incomplet et sans enfants, et ils déclarent heureux le mariage dont la fécondité fleurit de toutes parts autour de nous. Les maladies du corps attestent encore mieux la nécessité du mariage ; les soins dont la femme entoure son mari, et sa persévérance assidue me semblent autant remporter sur la constance des amis et des parents, qu’elle-même s’élève au-dessus d’eux, par son affection sympathique ; au-dessus de tous, par son empressement volontaire auprès du malade. Elle est vraiment, selon l’Écriture, une aide nécessaire. Aussi Ménandre, le poète comique, après avoir fait quelques reproches au mariage, met en regard les avantages qu’on y trouve, et répond ainsi à ces plaintes : Je ne suis pas heureux en ménage. — C’est que tu t’y prends mal.

Puis, il ajoute : « Tu ne vois que les soucis et les chagrins de l’union conjugale sans jeter les yeux sur les biens qu’elle procure, etc. etc. »

Le mariage vient également en aide à ceux qui sont avancés en âge, puisqu’il place auprès d’eux une femme pour les soigner, et qu’il élève les enfants issus d’elle, afin qu’à leur tour ils nourrissent la vieillesse de leurs parents. Car, selon le poëte tragique Sophocle : « Sous la terre qui nous recouvre, les enfants sont un nom qui nous survit. Ainsi, les morceaux de liège dont les filets sont garnis, les soutiennent à la surface de la mer, et préservent de la submersion les mailles de lin. » Les législateurs interdisent aux célibataires les hautes magistratures. Lacédémone imposait un châtiment non-seulement au célibataire, mais encore à celui qui ne s’était marié qu’une fois, ou qui s’était marié trop tard, ou qui vivait seul. L’illustre Platon veut que tout célibataire soit tenu de payer au trésor public la nourriture d’une femme, et de remettre aux magistrats les frais nécessaires à son entretien. Car,